Pour qui ? Les gender studies fans.
Voir quoi ? Du trash art stylé.
Inconnu au bataillon en France, Grayson Perry est une star en Grande-Bretagne : des émissions de TV sur Channel 4, lauréat du prix Turner en 2003... Artiste trans passé maître dans l'art de détourner la céramique et la tapisserie, ce critique acerbe de la société britannique est connu pour ses apparitions dans les expositions en tant que "Claire", son alter-ego travesti, habillé de robes kitchissimes.
Alléluia ! La Monnaie de Paris tape fort en offrant au quinqua trublion sa première rétrospective française. Intitulée "Vanité, identité, sexualité", elle reflète un parcours de fantaisies brillantes. Grayson commence à s’habiller en femme dès l’âge de douze ans et configure très vite ses besoins de spectacle. Quête de soi, espoirs et croyances que l’on porte dans les sexualités, mais aussi argent, couleurs, fétichismes : tels sont les thèmes récurrents d'une œuvre foisonnante.
Son travail est toujours parfaitement rattaché à ses histoires de vie et à ses interrogations-convictions. Ses créations aux multiples formes et textures sont un grand foutoir charmant qui prouve l’intensité de sa réflexion. Et la Monnaie de Paris un château d’ancien temps qui montre par ses murs les folies de son prince. Il n’y a qu’à voir les géantes tapisseries générées par ordinateur, les costumes de bal, les céramiques détournées. Ça et sa moto.
Mais le fil rose de l’exposition reste toujours sa lutte pour les consciences. D’un côté le sexisme, le racisme et la pauvreté. De l’autre la démocratie et la tolérance. Il donne tout pour sa quête d’identité, d’égalité, et de justice sociale. Un travail essentiel à la majesté d’envergure.
On peut vite se méprendre à la vue des extravagances d’esthétiques, croire que Grayson Perry fait dans la provoc' et l’art du strass. Mais sa pensée d’un art ultra sexualisé reste ultra politique. Ses œuvres transgenres sont des résistances absolues. Une pure mythologie des excentricités modernes. Une pure nécessité.