Pour qui ? Toi qui n’as pas encore réservé tes vacances
Voir quoi ? L’Afrique comme on la représente rarement
Vous vous souvenez de cette chanson de T-Rex, The Children of the Revolution ? Dans la BO du film Billy Elliot (2000), elle synthétisait toutes les tensions du Nord de l’Angleterre des 80’s, entre bouleversements politiques, sociaux et économiques. Trente ans plus tard, c’est en Afrique que les enfants de la révolution ont migré, évoluant dans un paysage urbain complexe, portant les traces d’une histoire en cours d’écriture. De Johannesburg à Dakar, le photographe sud-africain Guy Tillim capture ces villes marquées par la décolonisation qu’il rassemble dans l’expo Museum of the Revolution, présentée jusqu’au 2 juin à la Fondation Henri-Cartier Bresson.
Lauréat 2017 du prix HCB, Guy Tillim pose un regard objectif sur l’Afrique d’aujourd’hui, celle que l’on a tendance à zapper au profit d’un imaginaire fantasmé. Ces tirages, réalisés entre 2014 et 2018, sont les témoins silencieux des changements massifs qui ont bousculé le continent depuis les années 40. Posant calmement son trépied sur les trottoirs de diverses capitales, Tillim laisse les passants se balader et s’inscrire inconsciemment dans son cadre. Une démarche quasi documentaire qui présente une Afrique loin des clichés où les costards trois pièces ont remplacé les boubous traditionnels sur un territoire où le socialisme a vite laissé place à une économie capitaliste. Pas question pour l’artiste de montrer une misère ou un exotisme exacerbés, mais, au contraire, de confronter des images ultra-neutres, finalement bien plus sensibles.
Une immersion dans le quotidien des Africains accentuée par des choix scénographiques affirmés : un accrochage à hauteur d’yeux et de grands diptyques et triptyques qui agissent comme des fenêtres s’ouvrant sur un monde encore méconnu.