On ne pense pas prendre beaucoup de risques en affirmant que l’Institut du monde arabe signe l’une des expos les plus audacieuses de la saison. Si elle valorise des artistes qui travaillent autour des identités LGBTQIA+, l’expo est d’autant plus osée que l’Institut est le fruit d’une fondation financée par la France et les États membres de la Ligue arabe, et que pas mal d’entre eux répriment sévèrement l’homosexualité.
Autant dire qu’on attendait beaucoup de cette expo. Niveau œuvres, on n’a clairement pas été déçu : peintures touchantes d’Alireza Shojaian, correspondances cryptées du couple Jeanne & Moreau, autoportraits de Khookha McQueer, broderies goleri de Sido Lansari… Toutes les pièces présentées sur les deux niveaux de l’expo sont d’une puissance indéniable. Précisons que l’exposition parle ici d’amour, faisant des sentiments et de l’affect les fils conducteurs du parcours – non non, ce ne sont pas des larmes hein, c’est juste une poussière dans l'œil !
Malheureusement, quelques détails viennent ternir l’expo, à commencer par le côté fourre-tout dans la provenance des artistes (certains viennent de pays arabes, d’autres d’Iran quand d’autres encore sont Français), sans que la multiplicité de celles-ci ne soit jamais vraiment expliquée. Globalement, ce reproche peut être élargi à la totalité de l’expo qui manque de problématisation, se contentant d’être politique par son essence et qui nous livre un discours de surface en laissant les œuvres exister seules. Des maladresses qui se concrétisent dans une fin d’expo frustrante, abrupte, qui nous a même poussés à aller voir un gardien pour demander “Mais ça finit comme ça ?!”.