Pour qui ? Ceux qui n’ont pas peur de la dépression en peinture
Voir quoi ? Notre peintre scandinave préféré
Figure phare de la peinture en Scandinavie, Hammershøi est assez injustement méconnu chez nous. Le Musée Jacquemart-André change la donne et offre aux parisiens l’une des plus belles expositions de 2019. L’une des plus bouleversantes, pour un pinceau qui n’est pas sans rappeler celui de Vermeer (surtout pour son cadrage). Hammershøi ou le maître de la peinture danoise, de la lumière et du silence.
Quand on parcourt le labyrinthe aristo du musée et que l’on finit par tomber sur ce « grenier » danois, on a l’impression d’aller défricher quelques secrets. Une expo toute en mystère donc, surtout par l’étrangeté qui ressort de ses femmes de dos. De sa palette aussi, toute en nuance de gris. En vrai, il peint ses intérieurs avec les couleurs des paysages danois, et en tire une atmosphère mélancolique inouïe. Atmosphère dans laquelle les corps sont peut-être au repos. Mais pas les âmes.
Même ses lumières, qu’il travaille avec une finesse infinie, se transforment parfois en ombre. Du lugubre soyeux. Une exposition épurée, presque dépouillée (comme ses tableaux), pour montrer l’importance de la lutte contre le superflu. Et laisser apparaître comme il faut ces fantômes de salon. Des silhouettes à l’immobilité criante et à la gravité sans pareil. Oui on a adoré. Mais il ne faut pas avoir peur de la mort.