Pour qui ? Les curieux à l’émotivité prononcée
Voir quoi ? Une réouverture du MAM sublimée
Lorsque l’on évoque les musées dédiés à l’art contemporain à Paris, on pense tout de suite au centre Georges-Pompidou ou au Palais de Tokyo. S’il est plus discret, le musée d’Art moderne n’en est pas moins stylé et revendique aussi sa place dans le paysage artistique de la capitale. Après un lifting d’un peu plus d’un an, le MAM revient dans le game avec une rétrospective dédiée au peintre allemand Hans Hartung (1904-1989), qui n’avait pas été mis à l’honneur à Paname depuis 1969. De grosses promesses donc, mais qu’en est-il vraiment ?
Peintre au geste puissant adulé par Pierre Soulages, Hans Hartung jette sa passion sur la toile et se libère de toute contrainte à travers des compositions à l’expression d’une pureté rare. Et si ses tableaux sans compromis assuraient déjà une belle expo, le musée d’Art moderne insiste sur le parcours non sans embûches de l’artiste à travers un corpus ultra-complet de pas moins de 300 œuvres. De ses premières amours avec l’art abstrait à sa soif de liberté sous le régime nazi en passant par la diversité de supports et de techniques utilisés par l’artiste, l’événement retrace chronologiquement la vie d’Hartung, adulé puis oublié, et le fait aujourd’hui passer à la postérité.
Elégant, comme à son habitude, le MAM fait simple et laisse les couleurs vibrantes du peintre nous immerger dans une scénographie épurée. Il règne dans le musée un calme rare à Paris, que l’on chérit sans modération. Une escale aussi kiffante qu’instructive où l’on apprend à redécouvrir le travail d’un peintre injustement délaissé par les institutions.