Peintre, poète et musicienne à l’engagement chevillé au corps, Ines Di Folco Jemni transforme, le temps d’une expo-résidence hybride, l’immense espace des Magasins Généraux de Pantin en une grande maison où se succèdent cinq salons thématiques : poésie, musique, ancêtres, enfant et celui, le plus personnel sans doute, de l’artiste elle-même. A l’opposé d’une rétrospective froide où le spectateur serait tenu à distance, ce “salon des songes” nous invite à squatter les canapés, à mater un film, à créer nous-mêmes ou encore à nous rebeller et prendre position. Chacun des espaces renvoie à un aspect de la personnalité et de la peinture d’Ines Di Folco Jemni qui, plutôt que de se cacher derrière son art, se livre ici à cœur ouvert.
Si ses travaux peuvent sembler naïfs, ils sont le fruit d’une identité multiculturelle, mais aussi d’un goût du voyage prononcé, de questionnements sur l’exil, la maternité (dans la toile Rêve océanique) ou la spiritualité dans son huile Blues. Son usage de la couleur et de la matière est également particulièrement réfléchi, comme en témoigne la magnifique œuvre Norma Jean, où les pigments bruts sont posés à même la toile et se mêlent à une peinture à l’huile.
Pour mieux comprendre sa démarche, la plasticienne nous invite à zoner dans son atelier, reconstitué dans le salon central, brisant ce quatrième mur qui se dresse habituellement entre l’artiste et le visiteur. Chaleureux et sans artifices, l’événement dépoussière totalement la visite traditionnelle au musée et dédramatise le simple acte de se faire une expo. Ines Di Folco Jemni nous libère des contraintes, nous permet de revenir sur nos pas, de divaguer et de nous laisser aller à la rêverie, sans pour autant oublier de mobiliser une solide équipe de médiation, disponible si besoin. Une façon inédite de penser l’espace qui, on l’espère, en inspirera plus d’un.