Née en 1984, Iris van Herpen a grandi à deux pas de Den Bosch, la ville de Jérôme Bosch. Il y a un vent un peu mystique qui souffle dans ce coin des Pays-Bas, et c’est sans doute ce qui explique cet air de famille entre les vêtements oniriques de la créatrice et le fantastique Jardin des délices du peintre flamand, un de ses tableaux favoris ever.
L’esthétique de la Néerlandaise, arrivée dans la mode des années 2000, cristallise tout ce que l’époque fait de mieux : look rétrofuturiste, technologie et références aux éléments naturels, façon Winx Club. Un univers qu’embrasse le MAD dans son parcours thématique à la scénographie et à l'ambiance sonore envoûtantes. Dès la première salle, dédiée à l’eau, les tenues deviennent bulles, écumes et éclaboussures avant de se muer en costumes d’insectes futuristes. Des sujets déjà largement exploités par Versace, Galliano ou McQueen (chez qui la styliste a fait ses armes), mais jamais de façon aussi littérale.
Les vêtements d’Iris van Herpen n’habillent pas simplement celles et ceux qui les portent : ils les mangent, les transforment comme une armure irréelle. La preuve avec cette incroyable robe Skeleton de la collection Capriole de 2020, dont les recoins semblent dissimuler des armes. Les références abondent, du gothique flamboyant aux fraises de Rembrandt en passant par… les champignons. C’est simple : tout, à travers le coup de crayon de Van Herpen, devient sculpture plus que vêtement. “Sculptez les sens”, on comprend mieux.
L'émerveillement persiste à l'étage, avec la reconstitution de l'atelier d'Iris van Herpen, démontrant l'harmonie entre savoir-faire artisanal et impression 3D. Toujours plus intimiste, le parcours se poursuit dans un petit cabinet de curiosités passant en revue les inspirations de la designer, où l’on retrouve… Le Jardin des délices. Une expo en forme de réussite totale pour le MAD qui signe ici une véritable expérience immersive sur la planète Van Herpen.