Pour qui ? Les parents sans leurs enfants
Voir quoi ? Ce qui se passe derrière les rideaux tirés
À seulement un arrêt de RER de Paris, la petite Maison de la Photographie Robert Doisneau fait de la place à la culture photo. Un joli espace à Gentilly qui s’est spécialisé, comme son maître d’antan, dans les explorations humanistes. On y découvre en ce moment une monographie noir et blanc de Jane Evelyn Atwood présentant le premier sujet de la photographe : Histoires de prostitution, Paris 1976-1979. Entre Rue des Lombards et Pigalle, une plongée dans le Paris sexy, ou presque.
C’est par le biais de nouvelles amitiés que Jane Evelyn Atwood découvre l’univers prostitution et commence sans le savoir sa carrière de photo-reporter. Une investigation qui prendra du temps. Ses projets photos durent souvent plusieurs années, ce qu’il faut pour pénétrer un quotidien à la marge et en capter la dignité humaine. Et oui, ses personnages de trottoirs sont bien des femmes ET des hommes.
Si la mise en place de l’exposition reste assez simpliste (manque de grand format et un côté « journal intime » trop léger), on se plonge avec intérêt dans ces photos d’époque, qui dévoilent les rues, les instants d’avant et d’après sexe, les intérieurs sombres, les pratiques et leurs nudités. On voit comment les travailleurs du sexe s’inscrivent dans l’espace public et s’y dérobent. Une œuvre essentielle aussi par sa manière d’aborder le corps trans. Même si on regrette que ce passé ne soit jamais mis en relation avec notre présent. Présent toujours plein d’interrogations et donc d’incompréhensions.