Critique

Jardins d'Orient

3 sur 5 étoiles
Rassurez-vous : pas besoin d’avoir la main verte pour visiter la nouvelle exposition de l’IMA…
  • Art, Installation
  • Recommandé
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Time Out dit

Adieu l’énorme effigie en pierre d’Osiris qui occupait le parvis de l’Institut du Monde Arabe. Ce vestige de l’exposition ‘Osiris, mystères engloutis d’Egypte’ a laissé la place à un eden éphémère de 2 000 m2, conçu par le duo paysagiste-artiste Michel Péna et François Abélanet. Un îlot de verdure au milieu des immeubles qui attire à lui le visiteur, telle une abeille sur une fleur. Kumquat, amandier, olivier, lavandin et autres arbres fruitiers méditerranéens embaument ce jardin paradisiaque – pléonasme puisque le mot perse pour jardin, « pairi-daeza », a donné paradis. Le parfum, encore subtil, des roses de Damas à peine écloses fait également l’effet d’un puissant aimant.

Mais avant d’aller se reposer à l’ombre du polygone étoilé de François Abélanet, anamorphose apportant un brin de modernité dans ce hadîqa traditionnel, il faut aller jeter un coup d’œil à l’exposition qui l’accompagne : ‘Jardins d’Orient’. On quitte donc l’oasis rayonnante pour l’obscurité d’un parcours en cinq temps, allant des origines de l’horticulture arabo-musulmane à son influence sur nos constructions actuelles.
L’art de la géométrie, la division en quatre parties des espaces verts – autrement dit chahâr-bâgh – et l’irrigation de ces jardins idylliques sont abordés au travers d’une cascade d’objets hétéroclites. On picore çà et là des peintures classiques ou contemporaines, des photographies couleur ou en noir et blanc mais également des aquarelles et des gravures. On s’instruit face aux maquettes animées décrivant des mécanismes hydrauliques comme la Noria ou la vis d’Archimède. On parvient même à être cueilli face aux poignants clichés de Lateefa Bint Maktoum montrant des palmiers arrachés, preuves des ravages que peut faire l’urbanisation de masse sur les magnifiques paysages du Golfe Persique. 

Malheureusement, au milieu de ces vestiges parfois antiques, mis en scène avec une certaine intelligence – en témoignent cette allée aqueuse à la surface de laquelle semblent léviter fontaine moghole et vasques ancestrales, ou encore les chants d’oiseau et l’oud qui accompagnent notre visite d’une ambiance sonore apaisante –, on s’ennuie. Pas ou peu de vie dans ces ‘Jardins d’Orient’, eux qui constituaient pourtant des lieux de loisirs intenses. Certes, on en apprend beaucoup, notamment qu’ils étaient des marqueurs sociaux flagrants ou bien que les sultans ottomans ont été les premiers amateurs de tulipes, bien avant les Hollandais. Cependant, on ne peut rien toucher, rien expérimenter. Actionner les maquettes soi-même ou caresser le majestueux paon ornemental aurait été une belle idée. Mais non. Alors, on flâne avec la désagréable impression d’errer dans les ruines d’un jardin fragile, figé dans le passé et morne, compte tenu de la faible luminosité qui y règne. Sans oublier que, si l’œuvre moderne de Mehdi-Georges Lahlou  (‘Fontaine’) s’inscrit parfaitement dans l’atmosphère poétique de l’exposition, les tableaux de Dia Azzawi, fantasmant les jardins suspendus de Babylone, dénotent totalement avec leurs faux airs de dessins anatomiques d’intestins grêles. De quoi retourner l’estomac...

Finalement, terminer au jardin éphémère permet de clore la balade sur une note fleurie et positive. Bien que notre ressenti demeure mi-figue mi-raisin.

Infos

Site Web de l'événement
www.imarabe.org
Adresse
Prix
12 €
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