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Critique

Jean-Luc Moulène - Rétrospective

4 sur 5 étoiles
Organiques et minérales les sculptures polymorphes de Jean-Luc Moulène entraînent le regard dans un curieux dialogue visuel et sensible.
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Time Out dit

Dans la galerie transparente de Beaubourg, d'où l'on voit les curieux passants qui nous regardent, se trouvent en ce moment les œuvres de Jean-Luc Moulène. Elles sont ouvertes, accueillantes, englobantes et se fondent aussi bien dans le paysage urbain que muséal. On s'y balade, on y erre, on revient sur nos pas, à la recherche de petits cailloux que l'artiste aurait semé quand on avait le dos tourné, le nez plongé dans les courbes et arrêtes de ses matériaux disloqués. Et ils pourraient apparaître, ces petits cailloux blancs, tant le fil se tisse au fur et à mesure ! Le chemin d'abord aléatoire, vaste, sans cloison ni direction donne envie de s'en saisir dans sa globalité en une seule fois, en un seul coup d'œil. Un regard gourmand. Puis, petit à petit, on s'apaise, on scrute, on s'arrête. Alors des détails, des signes de vie, des traces se dévoilent et les sculptures donnent l'impression de s'être mises à vivre, subrepticement, délicatement, gracieusement.

Matières, formes et objets dans l'ambivalence des mondes

Totalement à découvert, offertes en vision cinémascope, ces œuvres sont organiques et minérales, fossiles et éphémères, vivantes et sculptées. Jean-Luc Moulène se situe entre le tailleur de pierres et le modélisateur 3D. Moules ou formes sorties de ces moules, prototypes ou types, ébauches ou vestiges, on ne parvient pas à définir la nature de ses créations et c'est ce qui fonde leur étrange ambivalence. Elles sont autant illusions d'optique que présences physiques au monde.

C'est de leur rencontre in situ que naît ce sentiment d'étrangeté. C'est parce qu'elles se trouvent ici et maintenant qu'elles diffusent cette aura indéfinissable. De prime abord, l'on pourrait les qualifier de ready made et pourtant elles émanent bien plus d'une création que d'un assemblage. A cheval sur la science fiction et réalisme brut, presque brutal, la ‘Rétrospective’ de Jean-Luc Moulène oscille entre deux mondes, celui de la production et celui de l'exposition. Et le va-et-vient du dehors renforce leur immobilité tout en les emportant dans son tohu-bohu tandis que le visiteur flotte sur cette agitation feutrée, rendue muette par les vitres à demi-protectrices de l'environnement réel.

Un mathématicien sur le fil

Avant de nous embarquer dans ce voyage aussi bien atemporel que futuriste, Jean-Luc Moulène était mathématicien. Ce n'est donc pas un hasard si dans sa pratique artistique il crée aujourd'hui des morceaux de monde inachevé qui sont autant de météorites propulsées sur notre sol. Elégante et étonnante, cette exposition nous tient à la lisière de plusieurs mondes, que l'on ne connaît pas tous mais qui tous peuvent se rencontrer. Une brèche dans l'espace et le temps où l'on s'engouffre avec plaisir et fascination.

'Rétrospective' de Jean-Luc Moulène est l'une des meilleures expositions à Paris en ce moment. Mais ce n'est pas la seule...

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Adresse
Prix
De 14 à 11 €
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