Critique

John Currin

4 sur 5 étoiles
  • Art, Peinture
  • Recommandé
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Time Out dit

John Currin peint avec un raffinement extrême. Du sfumato au kitsch fleuri des préraphaélites en passant par un style qui rappelle les maîtres du XVIe ou du XVIIe siècle, l’Américain étale sur la toile son savoir-faire remarquable. Seulement, plutôt que d’user de sa perfection technique pour flatter notre œil, Currin a décidé de la mettre au service d’une œuvre grotesque embaumant le sexe, le désir, la frustration et le malaise.

Bizarrement proportionnées, ses femmes semblent déformées, comme si leur dernière chirurgie esthétique avait un peu raté, si elles étaient trop vieilles pour poser de manière aussi lascive, avec un sourire aguicheur aux lèvres, ou gênées d’être là, face à nous, vêtues de lingerie fine alors qu’elles préfèreraient cacher leurs rondeurs. Le décalage entre la facture léchée des toiles et leur sujet s’accroît encore quand John Currin dispose, derrière ses dames, des images à la sexualité explicite, qu’on dirait tirées d’un porno des années 1980. Comme une tentative de concilier le beau et le laid, le bon et le mauvais goût.

Au-delà de l’évidente provocation de ces scènes qui entrechoquent sexe, tradition et humour, la peinture de John Currin peut se lire comme une critique acerbe de l’esthétique vaine et vulgaire de notre société dont les femmes, prisonnières d’une imagerie sexuelle qu’on leur a imposée, apparaissent comme les premières victimes. Un peu comme si Rembrandt avait voulu réaliser un portrait féminin à l’époque des seins refaits, des lèvres en pneu et des films de boules.

> Horaires : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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Entrée libre
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