Pour sa première expo perso d’envergure en France, Josèfa Ntjam mise sur l’immersif et plonge le visiteur dans un délire afro-futuriste complexe, développant son concept de réseaux dissidents, inspirés du maquis. Divisée pour l’occasion en trois espaces, la Fondation Pernod Ricard se transforme en ville souterraine à la Matrix. Un conseil : pour être sûr de tout capter au délire, ne passez pas à côté des documents ultra-détaillés mis à disposition par l’artiste française à l’entrée.
Pour débuter l’expérience, passage obligé dans les “incubateurs” de révolte, sorte de grands tubes éclairés où sont diffusés des tutos et entretiens de grandes figures révolutionnaires. A partir de là, on virevolte dans l’univers visuel unique de cette touche-à-tout, carrément dystopique mais toujours militant entre photomontages 3D, impressions sur Plexiglas et céramiques.
Le clou du spectacle ? Cet impressionnant totem noir, sorte de pont entre passé et futur, cerclé d’installations vidéo mettant en scène des personnages non identifiables dans des paysages tout aussi cryptiques, des monstres flottants et des discours politiques scandés. Pas de doute : nous sommes arrivés au QG d’une future résistance, sorte de Zion en Technicolor.
Aussi fascinante que perturbante, Matter Gone Wild est plus à considérer comme une œuvre d’art totale que comme une expo, et se vit comme une expérience. On ne capte pas tout, mais franchement, ce n’est pas bien grave tant l’ensemble nous trouble de poésie et d’engagement. Deux concepts dont le monde a, plus que jamais, cruellement besoin.