À travers une sélection aux petits oignons de clichés emblématiques, cette rétrospective gratuite retrace l'évolution artistique et l'engagement social du maître du photoréalisme Ken Domon, superstar du monde de l’art au pays du Soleil-Levant, dont la pratique témoigne des grands changements du Japon post-Hiroshima. Profondément attaché à son pays, le photographe se définit comme “un Japonais qui photographie le Japon”. Et pour cause.
Dès les premières salles, l'expo, déroulée sur un parcours chronologique, enchaîne les photos poignantes en noir et blanc dans une scéno épurée, ponctuée de touches de couleurs, qui met particulièrement en valeur les contrastes de la bichromie de Domon. S’il est obligé de jouer le jeu de la propagande en photographiant les rangs de soldats ou les infirmières ordonnées dans les années 1930, il s’émancipe peu à peu vers une photo du quotidien, plus instantanée. Chaque prise de vue est empreinte d'une profonde sensibilité, révélant la volonté de l'artiste de donner une voix aux oubliés, aux foules, aux enfants, et à toutes celles et ceux qu’on ne regarde pas.
Outre la qualité esthétique des clichés de Domon, l’un des gros points forts de cette expo réside dans la diversité des thèmes abordés. Des portraits de personnalités aux instantanés de la vie quotidienne, l’artiste explore la condition humaine dans toute sa complexité, le tout saupoudré de photos de paysages, toujours réalisées avec la même virtuosité. Car s’il y a bien un truc que l’on ne peut pas enlever à Ken Domon, c’est sa maîtrise technique et notamment sa capacité à jouer avec la lumière et les ombres, à la manière d’un Caravage de la photo.