Enfin ! Après Venise, Paris aura ce samedi 22 mai 2021 un lieu à la hauteur de l’une des plus grandes collections d’art contemporain privée au monde, celle de François Pinault. Côté architecture, les Parisiens sont servis, avec un tout nouveau musée aussi grandiose que central : la Bourse de Commerce, entièrement restaurée du sol à la coupole et transformée en musée par Tadao Ando, habitué des projets de la Collection Pinault — il a déjà dessiné le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana à Venise. L’architecte japonais a ici coulé sa sereine modernité dans la structure cylindrique de cet étonnant bâtiment du XIXe, ancienne halle au blé néo-classique.
Une enceinte tubulaire de béton brut délimite deux espaces dans l’immense rotonde. Dans les vitrines de la galerie intérieure ? Vingt-quatre œuvres de Bertrand Lavier font se percuter ready-made horticole, contrepieds en néon et reproduction paléolithique pour un joyeux tour d’horizon des explorations de l’artiste français. Au cœur de la Bourse, dans son enceinte de béton, la rotonde offre un confortable espace et une lumière zénithale idéale pour apprécier les œuvres d’Urs Fischer, des reproductions hyperréalistes en cire de sièges et de la cultissime statue monumentale L’Enlèvement des Sabines de Giambologna (XVIe siècle). Véritables bougies géantes, ces œuvres vont se consumer lentement pour un rendu unique et évolutif. De la haute coulure !
Et alors, côté expo inaugurale ? Et bien pour cette exposition Ouverture, les commissaires ont multiplié aussi bien les nationalités des artistes que leurs pratiques : peintures habitées de Miriam Cahn, Luc Tuymans ou Kerry James Marshall ; sculptures de Thomas Schutte ; ready-made de David Hammons ; photographies féministes de Cindy Sherman, Sherrie Levine ou Michel Journiac… On n’effleure là que l’écume de la Collection Pinault et ses 10 000 œuvres...
Le plan circulaire procure une circulation fluide, on se perd agréablement, on aime tourner en rond et découvrir les installations spécialement réalisées pour le lieu : les faux pigeons de Maurizio Cattelan sur une corniche, des coussins en marbre de Tatiana Trouvé, une souris surgissant d’un mur de Ryan Gander… Le sous-sol, entre les piliers de fonte, les installations musicales envoûtantes de Tarek Atoui et le système fumigène et sonore hypnotique de Pierre Huyghe côtoient l’impressionnante machinerie frigorifique du XIXe siècle. Tout est magnifique !
N’oubliez pas de jeter un œil au mobilier intérieur et extérieur dessiné par Ronan et Erwan Bouroullec : chaises Rope, tapis à la trame abstraite faussement usée, bancs curvilignes et drapeaux miroirs signalant les abords du musée … À la Bourse de Commerce, le cours du beau monte en flèche !