Critique

La Peinture américaine des années 1930 - The Age of Anxiety

3 sur 5 étoiles
Splendeur et misère des Etats-Unis au musée de l’Orangerie.
  • Art, Peinture
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Time Out dit

Chômage, pauvreté, migrations, bidonvilles. Les Etats-Unis des années trente n’ont pas fière allure : à la prospérité agricole et industrielle des « Roaring Twenties » ont succédé les tourments de la Grande Dépression. De New York au Sud profond et aux plaines desséchées du Midwest, les peintres américains se font les témoins de cette décennie troublée, représentant le désespoir et les rêves déçus de toute une population.

Mélange des genres

Cette exposition, en partenariat avec l’Art Institute de Chicago, livre un aperçu de ce foisonnement créatif sur fond de crise. De salle en salle, on y trouve un pot-pourri de genres et de styles, comme autant de points de vue sur l’angoisse qui paralyse le pays. Le couple de fermiers du tableau ‘American Gothic’, de Grant Wood, exposé pour la toute première fois en Europe, nous fixe avec inquiétude. Des usines fument, des paysans se traînent au sol, une femme noire gît aux pieds de membres encagoulés du Ku Klux Klan dans les fresques stylisées de Joe Jones et Thomas Hart Benton. Des danseurs difformes titubent de fatigue dans ‘Dance Marathon’, de Philip Evergood. On passe du réalisme à l’onirisme de Georgia O’Keeffe, du précisionnisme industriel de Charles Sheeler à l’abstraction d’Arthur Dove.

Certains de ces noms ne vous sont pas (tout à fait) familiers ? Pas d’inquiétude : l’un des objectifs de cette exposition est justement de présenter les artistes américains au public européen, réputé pour les connaître assez mal… 

Naissance d’une nation

En dépit de cette variété de styles, la collection trouve son unité dans la vigueur presque enfantine qui se dégage de la plupart des œuvres. Les Etats-Unis des années trente sont une nation toute jeune où les artistes se définissent encore par leur attitude vis-à-vis des techniques picturales européennes. Certains les adoptent en proposant une version épurée ou simplifiée, comme l’impressionnisme de Hopper, ou le surréalisme de Federico Castellón qui semble venir tout droit de Dalí. D’autres les refusent pour leur préférer un véritable art américain figuratif et naïf, souvent tourné vers la vie ouvrière et paysanne. Dans un cas comme dans l’autre, le trait est souvent simple et moins raffiné qu’en Europe, les couleurs sont vives, et le propos est aisément lisible, conférant aux toiles un charme énergique et direct.

Vers une école américaine

L’exposition se termine par deux toiles placées côte à côte : ‘Gas’, d’Edward Hopper (1940), et ‘Untitled’, de Jackson Pollock (1938). La première est pleinement figurative, mais chargée d’un silence anxieux ; la seconde est une fresque où les formes tordues disent l’angoisse. Deux manières de représenter la réalité, par deux artistes appelés à figurer au panthéon américain. Le critique George Morris écrivait au début du siècle que l’art américain souffrait d’une « absence de point de départ authentique »… Il se pourrait bien que la créativité née de la Dépression en constitue un. 

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Infos

Site Web de l'événement
www.musee-orangerie.fr/
Adresse
Prix
9 €
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