Critique

La photographie en cent chefs-d'œuvre

4 sur 5 étoiles
  • Art, Photographie
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Time Out dit

Lorsque la BnF dynamite l'histoire de la photographie, le résultat n'est pas loin de ressembler à un bon gros feu d'artifice. Documents scientifiques d'une beauté rare, études anthropologiques singulières, paysages des Pyrénées, pubs, expériences artistiques, street photography… Ici, tout s'entrecroise librement, fuse, rayonne ; les carcans de la catégorisation volent en éclats. La frontière illusoire entre photo d'« art », photo « documentaire » et photo d'« amateur » n'existe plus. Seule la qualité de l'image, appréciée pour ce qu'elle est, à l'état brut, compte. En faisant ainsi table rase, l'exposition remet brillamment en question la notion même de chef-d'œuvre, au fil de ces cent tirages soigneusement piochés dans le (très riche) fonds photographique de la BnF.

De l'ère dite « primitive » à la photo contemporaine, le parcours brasse une multitude d'époques et de sujets, sans prétendre à l'exhaustivité. Chaque image, accompagnée d'un texte intelligemment documenté, surprend ou interpelle ; quelque chose frappe toujours le regard, que ce soit la modernité surprenante d'un daguerréotype, le cadrage d'une photo anonyme, l'originalité d'un sujet, ou un simple détail de composition... Alors bien sûr, le « chef-d'œuvre » se cristallise encore et encore sous l'objectif des « grands » du huitième art que sont Friedlander, Brassaï, Cartier-Bresson, Nadar, Atget, Krüll, Talbot, Man Ray, Frank, Arbus, Kertesz ou Weegee. Mais il se fige aussi dans l'éternité grêlée d'un portrait de Florence Henri, dans les ombres expressionnistes d'un nu d'Albert Rudomine, ou sur les marbres du British Museum, photographiés comme de la chair écorchée par Luigi Caldesi en 1860. On passe ainsi librement de l'Angleterre ouvrière de Tony Ray-Jones, père spirituel de Martin Parr, à l'immensité époustouflante du Canyon de Chelly photographié par Timothy O'Sullivan. De l'iconique Mai 68 de Gilles Caron aux ruines égyptiennes de Félix Bonfils. D'un autoportrait de Zola, au regard vif et nonchalant d'une jeune fille immortalisée par Goplo, artiste méconnu du XIXe. De quoi sillonner avec plaisir plus d'un siècle de photographie, accroché souplement, sans classifications, selon les affinités visuelles entre les images posées les unes à côté des autres. En se disant, à chaque étape, qu'il est bon et rare de voir la photographie respirer à pleins poumons.


> Horaires : du mardi au samedi de 10h à 19h, le dimanche de 13h à 19h

Infos

Site Web de l'événement
www.bnf.fr/
Adresse
Prix
De 5 à 7 €
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