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Critique

Le Divan de Liv

4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

En Suède, on ne présente plus la dessinatrice Liv Strömquist, superstar du trait de crayon et des cases qui s'enchaînent. Mais ici, en France, sa popularité est encore à faire. C'est donc pour que le public tricolore la découvre et ne puisse plus s’en passer que l'Institut Suédois, superbe hôtel particulier où il fait bon flâner dès que le soleil apparaît, lui prête ses espaces d'expositions.

Drôle, fantaisiste et engagée, Liv propose un univers féministe à la fois décalé et percutant. Du dessin humoristique à la planche de BD, en passant par le détournement d'oeuvres de maîtres, elle s'attaque à la structure patriarcale tout en interrogeant la place des femmes, aussi bien dans les relations amoureuses que dans le quotidien. Inspirée par l'Histoire comme par la presse people, son travail fait état des absurdités des relations de pouvoir : pourquoi Withney Huston tombe-t-elle amoureuse d'un pauvre type qui l'humilie ? Pourquoi Freud s'est-il autant intéressé aux règles des femmes ? Et pourquoi des loustics insistent-ils pour vérifier les organes génitaux de la Reine Catherine ? Toutes ces questions (presque) taboues, l’artiste les met en scène d'une manière frontale et décomplexée, sans perdre pour autant en subtilité.

Libre, spontanée et fine, Liv Strömquist nous livre une exposition personnelle et réjouissante. Alors qu’il est rare de rire au musée, d'un rire vif et franc, là c'est impossible de le retenir, il jaillit devant chaque planche. Notamment devant la grande fresque (seul travail en couleur) où Adam, pudique derrière son arbre ridicule, demande à Eve ce qu'elle fait là et que flegmatique, elle lui répond « Ben rien ». Ou encore face à cette reproduction du baiser de Klimt où la femme enlacée, tombant à genoux sous le poids de l'amour, présage déjà que l'homme et elle vont se séparer et ne plus se voir qu'une fois l'an dans un café où leur seul point commun sera l’ennui. Bref, d'une simple bulle, Liv Strömquist emporte tout l'imaginaire et oriente la réception. Ce sont ce décalage, cet inattendu, qui provoquent le rire tout en déboulonnant les clichés.

Afin de pénétrer plus profondément dans son univers, l'Institut Suédois nous invite également à littéralement nous asseoir sur le divan de Liv et à aller à la rencontre, non seulement de son travail, mais aussi de ses inspirations. Ainsi, une vidéo nous met en présence de la dessinatrice évoquant sa rencontre avec la pensée féministe, la façon dont elle a décidé de la revendiquer puis de se l'approprier. On peut aussi piocher dans une sorte de bibliothèque idéale constituée par l'artiste : Sartre, Frida Khalo, Asa Grennvall… Enfin, on peut plonger dans ses carnets de croquis, recherche minutieuse des tons et traits les plus appropriés pour soutenir une idée forte. Tout en humour et inventivité, Liv Strömquist enchante donc l'Institut Suédois et pose des questions essentielles sans jamais radicaliser ni son discours, ni son féminisme. 

Infos

Site Web de l'événement
paris.si.se/agenda/le-divan-de-liv/
Adresse
Prix
Entrée libre
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