Pour qui ? Les fous de design
Voir quoi ? L’incarnation de la modernité
Libre et brillante, spontanée et solaire, Charlotte Perriand était surtout dotée d’un œil sans égal pour dessiner le présent, toujours un peu en avance sur son temps. Celle qui disait qu’il fallait « vivre son siècle et anticiper » a longtemps été dans l’ombre des mecs et reprend aujourd’hui sa place dans le domaine du design, vingt ans après sa mort. Et quel meilleur endroit pour découvrir son “nouveau monde” que l’ovni archi réalisé par Frank Gehry ?
Le pari était risqué tant l’étendue de l’expo est vaste. Proposant un parcours chronologique, la FLV nous propulse dans l’univers de cette pionnière qui traverse les décennies avec un sens du style intact. Et si, au début, on se demande si toutes les toiles grands formats – on a quand même droit au Guernica de Picasso – ne vont pas (une fois de plus) éclipser son talent, on se rend vite compte qu’ils mettent surtout en exergue l’avant-gardisme de la créatrice française.
Alors OK, une certaine confusion s’installe quand on essaye de suivre le parcours alambiqué de l’expo. Mais on se prend vite au jeu et on découvre la bande de potes de Charlotte, comprenant Picasso, Calder ou Delaunay, ses ouvrages, réalisés seule ou avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, ou encore son engagement politique soutenu par Fernand Léger.
Le plus ? La reconstitution de l’iconique Maison au bord de l’eau à l’extérieur des salles, où il est superdur de résister à la tentation de s’allonger sur les chaises longues. Une réussite qui nous donne envie d’échanger sur-le-champ notre appart contre une des galeries du musée.