Avant que le Pérou ne devienne la terre des Incas, celle dont on connaît la grandeur et la renommée, et qui a pour plus impressionnant symbole le Machu Picchu, il abrita quatre civilisations successives, aussi éminentes que notre Grèce antique, entre les Andes et le Pacifique. Quatre mondes riches et prospères que le musée du Quai Branly met aujourd’hui à l'honneur, les faisant sortir de l'obscure confusion plus ou moins fantasque dans laquelle nos esprits les relèguent bien trop souvent.
En s'appuyant sur les récentes découvertes archéologiques des premières cités andines de la côte nord du Pérou, l'exposition propose une lecture singulière de ces cultures : déchiffrer et comprendre, à travers les objets dévoilés par les recherches menées à la brosse et au pinceau patients, l'origine et l'organisation du pouvoir dans ces cités-là.
Villes spectaculaires aux palais seigneuriaux, divinités anthropomorphes sculptées ou peintes sur des carafes, sépultures d'artisans et de rois remplies d'offrandes attestant de leur rang, femmes prêtresses et gouverneurs ornés de tous les insignes de leur fonction, voilà autant de signes ici décryptés et mis en perspective les uns avec les autres afin d'entr'apercevoir la façon dont les hommes pensaient leur place dans ces sociétés.
Outre un très grand nombre de bouteilles en céramique peintes, qui, par leur évidente figuration, témoignent de la représentation que ces peuples se faisaient de certaines idées et réalités – la faune et la flore, les dieux, la guerre… –, l'exposition présente aussi des objets plus symboliques comme des bijoux ou des outils, qui sont contextualisés afin que l'on puisse saisir toute la puissance de leur présence.
Riche mais abordable, Le Pérou avant les Incas ouvre une brèche historique en redonnant, simplement, scientifiquement et magnifiquement, toute leur place à ces cultures.