Le fief de l’art contemporain sort de sa zone de confort. Le temps d’une carte blanche, la Fondation Cartier laisse la parole à l’architecte et designer indien Bijoy Jain, qui investit son immense boîte de verre. Plus qu’une expo où l’on contemple les œuvres avec distance, l’évènement invite le visiteur à vivre une expérience sensible où l’on peut toucher les matériaux, s’asseoir sur les sièges signés Studio Mumbai (fondé par Bijoy Jain) ou slalomer entre les sculptures simplement posées au sol.
Ici, la matière est reine. Et c’est dans un silence presque religieux que l’on entre dans la Fondation, divisée en quatre salles d’exposition, et son éclairage parfaitement maîtrisé (notamment au sous-sol). Son architecture est en soi une invitation au calme et l’on se surprend à apprécier différemment cette discipline pourtant sensorielle par essence. On vit dans l’architecture, on s’aime, on pleure, on vieillit entourés de murs. Alors, pour ne pas devenir claustro, l’architecte Bijoy Jain invente des espaces comme des prolongements de la nature, créant des structures en bambou, des pièces en terracotta ou d’immenses sphères en bouse de vache. Avec l’humble discrétion qui le caractérise, l’Indien explore et grappille du côté de la sculpture, de l'artisanat, du design d’objet.
Et puisqu’il ne s’agit pas d’une exposition comme les autres, ne cherchez pas les cartels explicatifs à côté des pièces : il n’y en a pas. Deux choix s’offrent à vous : vivre pleinement cet instant presque méditatif ou vous diriger vers les médiateurs dispersés un peu partout, qui se feront un plaisir de vous aiguiller. Nous, on a choisi la première option.