Critique

Les Cahiers dessinés : l'art du dessin

4 sur 5 étoiles
  • Art, Dessin
  • Recommandé
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Time Out dit

« Le dessin est le parent pauvre des beaux-arts. On l'appelle brouillon, croquis, esquisse – ou gribouillis. (…) Accroché à un récit, à un poème, à un fait divers ou à une opinion politique, le dessin s'est ménagé. En vérité, il a obéi et s'est tu. » Commissaire de la nouvelle exposition de la Halle Saint-Pierre, Frédéric Pajak résume simplement l'ambition de ses Cahiers dessinés, remarquable maison d'édition qui, pour fêter le dixième numéro de sa revue, se décline sur les murs du temple de l'art brut de la butte Montmartre. Débarrassé de tout discours théorique ou de toute hiérarchisation, le parcours propose de libérer le trait d'un dessin trop souvent mal considéré ou réduit à sa fonction illustrative, au service des mots.

Dessin de peintre, dessin d'écrivain, dessin d'humour, dessin de presse, dessin politique, dessin d'inconnu ou d'autodidacte, l'exposition insiste justement sur la richesse et la vigueur d'un art soi-disant mineur. Elle s'ouvre sur Victor Hugo, encadré par le Bordelais Chaval, véritable précurseur du dessin en France (et dont tout le monde se revendique depuis), ainsi que sur l'Américain Steinberg, figure du New Yorker qui a explosé les cadres de l’illustration de presse. Suit l'inégalable Topor, et nous voilà au cœur d'un parcours qui se déploie ensuite dans tous les sens, faisant la part belle à l'art brut, avant de mettre l'accent sur le dessin de presse, à l'étage. Aux côtés des figures connues (Alechinsky, Sempé, Bosc, Gébé, Willem, Ungerer, Copi, Reiser, Valloton...) apparaissent de divines révélations. Hans-Georg Rauch, rarement exposé ; Marcel Bascoulard, ce clochard habillé en femme qui a dessiné Bourges pendant des années ; Otto Wols et son chaos déroutant et familier à la fois ; Tetsu et ses lavis lugubres, loin de l'humour pinçant qu'on lui connaissait ; ou les pastels flous et mystérieux d'Anne Gorouben, gorgés de souvenirs évanescents.

Dans sa diversité et son foisonnement, l'exposition réussit à rappeler une évidence : le dessin est un langage. Si cela saute aux yeux pour la Taiwanaise malentendante Lin Wei-Hsuan, ou pour la Catalane Josefa Tolra qui, à 60 ans passés, se met soudain à dessiner après la mort de ses deux fils, c'est finalement le cas pour tous les artistes réunis ici : léger, spontané, protéiforme, le dessin vu par Frédéric Pajak apparaît comme une écriture éprise de liberté. Une langue universelle.

> Horaires : du lundi au vendredi de 11h à 18h, le samedi de 11h à 19h, le dimanche de 12h à 18h.

>Exposition Les Cahiers Dessinés Halle Saint-Pierre Paris [CONCOURS] Gagnez des invitations pour l'exposition 'Les Cahiers dessinés'.

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Prix
De 6,50 à 8 €
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