« Kazantzakis disait dans la 'Lettre au Greco' : “L’Italie a pris possession de mon âme, mon âme a pris possession de l’Italie” : je me sens pareil ! C’est comme ça, je m’y sens bien… » Et ça crève les yeux. Les photographies italiennes de Bernard Plossu ressemblent presque à une longue correspondance amoureuse avec la Botte de l'Europe. Ici, chaque image semble trahir la tendresse profonde d'un vieil amant qui aurait appris à chérir les rides et les flétrissures de l'autre, à savourer ses silences, son ennui, ses mines grises par temps de pluie.
Depuis la fin des années 1970, le photographe voyage régulièrement dans le pays de sa mère avec son appareil argentique vétuste, saisissant de jour comme de nuit, l'hiver comme l'été, Rome, Bari, Turin, Palerme, Cagliari. Avançant dans les pas de la Nouvelle Vague et du Néoréalisme italien, il cherche à retranscrire quelque chose de brut, qui aurait le goût du vrai. « Je suis hanté par Carlo Carra, Campigli, Morandi, et aussi Véronèse, Giotto, Piero della Francesca, par Carlo Emilio Gadda, Rosetta Loy, Giuseppe Bonaviri, Andrea Camilleri, par les souvenirs des films que je voyais dans les années 1960, comme les dernières minutes de 'L’Eclipse', ou 'La Nuit' d’Antonioni, ou tous les Dino Risi, et 'La Strada', la liste est sans fin. »
Si ses photos en noir et blanc, essentiellement des paysages à la facture assez classique, dressent le portrait d'une Italie iconique et intemporelle, son travail de la couleur s'aventure sur des territoires plus hasardeux. Ici, une brume granuleuse prend le dessus des restaurants vides, des mers déchaînées, des devantures fermées. Les tons pastel dessinent un pays nébuleux, lunaire, comme fossilisé dans un autre espace-temps. C'est lors de ces expéditions cotonneuses et délavées que Bernard Plossu semble concilier au mieux ses deux amours : l'Italie et le cinéma.
> Horaires : du mercredi au dimanche de 11h à 19h45.
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- De 4,50 à 8 € (gratuit le mercredi à partir de 17h)
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