Pour qui ? Ceux qui n'ont pas froid aux yeux
Voir quoi ? La première giga rétrospective de Ren Hang en France.
Après une rétrospective assez ratée du très populaire JR, voilà que la MEP rend hommage à un autre grand monsieur de la photographie contemporaine : le Chinois Ren Hang. Deux ans après sa mort – il s’est suicidé à l’âge de 29 ans à la suite d’une dépression –, l’artiste et son œuvre sont ainsi célébrés le temps d’un parcours et 150 clichés. Et il fallait au moins ça pour comprendre toute la portée de ce corpus majeur.
Loin du sacro-saint parcours chronologique – trop réducteur –, ce dernier nous plonge via une approche chromatique dans les univers oniriques de l’artiste. Et quels univers : nus désinvoltes et tendres à la fois, fesses qui se compilent pour former des dunes, bras et (entre)jambes qui s’enchevêtrent dans un champ de fleurs ou en haut d’un gratte-ciel. Les pénis, les seins et les aisselles, toujours associés à des regards stoïques, se mêlent – quand ils ne se suffisent pas – à des éléments de la nature (arbres, nénuphars, paons…) pour former un mélange jouissif de poésie et d’humour.
Bien sûr, on peut y voir par moment l’influence de son idole Araki. Mais ne vous y trompez pas, Hang est bel et bien à part dans son utilisation des corps, son questionnement de l’identité et sa façon de désexualiser des nus. N’en déplaise aux censeurs chinois qui y voyaient de la pornographie.