On avait découvert Maite Sant, graphiste virtuose, lors de l’exposition collective ‘Home Staging’ – qui présentait aussi des oeuvres de Marko 93, Shaka ou encore Astro. C’était à l'automne dernier, au Loft du 34. Elle ornait alors les murs de l’appartement annexé à la galerie de bifteck sanguinolent, de cœur palpitant, de mouche verte et virevoltante ainsi que de végétaux ondulant. Aujourd’hui l’appartement n’est plus – il a été détruit – mais un autre monument se construit sur ses ruines : la carrière de Maite. Une demoiselle qui, croyez-nous, va durablement vous ensorceler.
Incomparable magicienne, divine cartomancienne
Après ses improbables pièces de bœuf, Maite Sant a encore une fois joué la carte de l’originalité avec un thème aussi inédit qu’inspirant : le tarot. Grâce à un style incandescent et proche de la gravure de John Tenniel, l’artiste reproduit des figures comme la Mort ou l’Ermite en les passant au filtre gothique. Mêlant l’hyper-réalisme d’un crâne de buffle ou d’un moineau – dont la justesse des reflets sur le plumage se révèle tout simplement époustouflante – et la rondeur des traits caractéristique de l’antique Tarot de Marseille ou du tatouage vintage, Maite démontre l’étendue de sa technique et de son audace.
Car pas question de se mettre à l’abri au motif que c’est son premier solo show ! La jeune femme avait carte blanche et a donc saisi l’occasion pour céder à toutes les fantaisies et expérimentations. Entre ces atouts foisonnant de détails, auxquels chacun peut attribuer la lecture correspondant à son état d’âme ou d’esprit, courent ainsi des ronces et des créneaux de bois. Une scénographie truculente renforçant l’immersion mystique et médiévale du sujet. Et qui nous donne l’impression d’être Alice au pays des Merveilles, cernée par une armée d’atypiques cartes à jouer.
Joueuse, Maite Sant l’est d’ailleurs clairement puisqu’elle tente également des procédés spéciaux comme la feuille de métal doré délicatement appliquée sur des motifs choisis – histoire de se faciliter la vie. Ou la peinture relief pour réaliser un vitrail in situ à main levée, efficacement dissimulé dans une ogive pas forcément prévue pour ça. Même la baie vitrée de l’entrée n’a pas été épargnée par son ardeur artistique.
Face à cette profusion d’inventivité et d’innovation esthétique, on comprend alors pourquoi l’exposition s’intitule « OVNI » et non « Tarot ». Et pas besoin d’être devin pour prédire que vous allez aimer.