Potes et concurrents, Edouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) n’ont cessé d'être comparés, rapprochés, confrontés, aussi bien en tant que peintres qu’en tant qu’hommes. Mais loin de s’inscrire dans cette épuisante tradition de la rivalité, la nouvelle expo du musée d’Orsay s’appuie sur un parcours chrono-thématique où cohabitent près de 200 œuvres venant des plus grandes collections du monde pour placer les deux artistes côte à côte, égaux. Contrairement à pas mal de musées, Orsay réussit avec brio l’exercice difficile de la double monographie grâce à un gros travail de recherche qui transparaît dans la médiation.
Chacun à leur manière, Manet et Degas ont révolutionné la peinture. En se tournant vers l’impressionnisme, bien sûr, mais aussi en fréquentant les salons, en donnant une nouvelle dimension au portrait ou en capturant l’effervescence de la vie parisienne. De leur éducation similaire à leurs amis communs, l’exposition justifie, tableaux à l’appui, la comparaison, avec quelques chefs-d’œuvre dans le lot. Si on voit déjà la horde se masser devant la célèbre Olympia de Manet (1863), on vous conseille de vous presser vers le Portrait de famille de Degas (1858-1869), fraîchement restauré, et L’Exécution de Maximilien de Manet (1867-1868), découpée après la mort du peintre en 1883 et dont Degas a racheté des fragments pour tenter de la reconstituer. Une belle preuve d’amitié qui clôt une expo sans faute.