Pas une Fashion Week sans que son nom n’apparaisse, pas un tapis rouge sans qu’il ne soit crédité. A moins d’avoir hiberné ces quarante dernières années, le nom de Martin Margiela résonne dans toutes les têtes. Le chef de file de l’école d’Anvers est enfin mis à l’honneur à Paname le temps d’une expo au Palais Galliera, qui revient pour l’occasion sur vingt ans de carrière exceptionnelle (1989 – 2009). Entre silhouettes iconiques, projections vidéo et témoignages uniques, le créateur le plus discret de la fashion sphère sort enfin du silence et nous fait pénétrer dans son univers singulier.
Si vous doutiez encore des rapports entre art et mode, cette exposition vous fera vite changer d’avis. Plus qu’un simple créateur, Margiela met d’énormes coups de pieds dans la fourmilière et bouscule l’industrie. Il déstructure, rapièce, recycle et établit, au fil des années, un style atypique reconnaissable entre mille. Pourtant, si son travail parle de lui-même, l’homme reste un quasi parfait inconnu. Chez le créateur belge, pas question de montrer son visage, ni même souvent celui de ses modèles. La star, ce n’est pas lui : ce sont ses vêtements.
Une prise de position forte respectée par Alexandre Samson, commissaire de l’exposition, qui présente les créations de Margiela dans une scénographie intime à l’allure inachevée – à l’image des concepts du styliste –, mettant plus que jamais en valeur les vêtements marqués du célèbre rectangle immaculé et numéroté Une couleur emblématique que l’on retrouve d’ailleurs dans tout le parcours chronologique, guidant les visiteurs à la manière d’un faisceau lumineux. Ponctué de « chambres de fan » – installations immersives mettant en scène vêtements, photographies d’archives ou vidéos –, l’ensemble nous permet de percer un peu plus le mystère Margiela. Et à Kanye qui se demandait « What's that jacket Margiela ? », c’est au Palais Galliera qu’il trouvera la réponse.