La retraite à 60 ans ? Très peu pour lui. En 1929, à l’aube de sa sixième décennie, le peintre Henri Matisse entame une remise en question qui se matérialise par un changement de style radical. Fini d’empiler les odalisques : l’artiste doit se renouveler, et vite. C’est cette période de doute, source de création, que retrace l’exposition Matisse. Cahiers d’art, le tournant des années 30 présentée jusqu’au 29 mai au musée de l’Orangerie.
En quête d’inspi, Matisse la joue comme Gauguin et se barre à l’autre bout du monde, direction Tahiti. Un voyage synonyme de rupture qui le poussera à repartir vers les Etats-Unis pour se confronter à ses premiers travaux avec un œil aussi neuf que critique. Organisé en partenariat avec le musée Matisse de Nice et le Philadelphia Museum of Art, l’expo témoigne de cette époque de quête artistique à travers le prisme des Cahiers d’art, revue créée en 1926 par Christian Zervos, fada de Matisse, qui lui consacra pas moins de 16 publications jusqu’en 1939.
Rassemblant une centaine d’œuvres dans une scéno parfaitement conçue, l’expo s’appuie sur quelques pièces d’exception rarement (voire jamais) exposées en France, comme Le Chant (1938), qu’on a pu apercevoir dans tous les salons bobos parisiens, mais qui n’avait pourtant jamais été présentée sur le sol français. Dessins préparatoires, sculptures, archives, photos… La diversité des formats atteste de la profusion créative qui suivit son passage à vide. Si l’on craignait un truc peu inaccessible, il n’en est rien. Médiation et curation impeccables mettent parfaitement en valeur le travail de Matisse et sa capacité à se réinventer.