Alors qu’on le pensait retiré de la scène artistique internationale après son exposition phénoménale au Guggenheim de New York en 2012, Maurizio Cattelan revient avec dix-huit pièces marquantes, sélectionnées et disposées par ses soins dans les luxueux salons XVIIIe de la Monnaie de Paris.
D’entrée, nous sommes confrontés à un cheval suspendu au dôme, naturalisé, immobile, mort, et pourtant si réel. Une sorte de présage mortuaire au-dessus de nos têtes. C’est ensuite la vue d’une femme, de dos, crucifiée dans une caisse en bois molletonnée qui nous interpelle. Des sujets durs, des visuels marquants : l’art et la manière selon Cattelan sont bien là.
« Je pense que le rire et la mort sont étroitement liés. »
Les œuvres de Maurizio Cattelan font vivre un puissant paradoxe : le troublant réalisme de ses créations (il utilise notamment des implants capillaires humains) face à l’omniprésente idée de mort, figurée de façon symbolique ou dans la fixité de ces statues de résine.
Qu’elles dérangent ou qu’elles amusent, ces sculptures suscitent une émotion des plus directes, une provocation que l'artiste veut durable, ce que quarante-quatre personnalités (de Jack Lang à Christian Lacroix en passant par Augustin Trapenard) illustrent dans leur interprétation de chaque pièce.
Not afraid of love
Que ce soit avec son désormais culte pape Jean-Paul II, écrasé par une météorite sur un tapis rouge, déchu, désacralisé, ou au travers de ses autoportraits (sa tête perçant le parquet de la Monnaie de Paris, une marionnette à son effigie rapetissée et au regard maléfique, un troisième enfantin et innocent), l'audace et l'irrévérence parcourent cette exposition. La rétrospective aboutit logiquement sur ‘Him’, figure immanquable d’un führer infantilisé et surtout prostré en position de suppliant, que les visiteurs regardent immanquablement de haut. Maurizio Cattelan médite autant qu’il nous interroge, et signe une rétrospective puissante et symbolique.
Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris