Pour qui ? Les curieux en quête d’une bonne dose d’immersion
Voir quoi ? La fine fleur des intellectuels new-yorkais
Pour ceux qui osent s’aventurer au-delà du périph’ pour étancher leur soif de culture, l’espace Pantin de la galerie Thaddaeus Roppac est LE spot incontournable. Quelques 2 000 mètres carrés d’expo dans un cadre industriel dépouillé qui accueillent jusqu’au 27 avril les stars américaines du minimalisme, dans un événement au titre qui pourrait également figurer dans le descriptif de la galerie : « Monumental Minimal ».
Souvent délaissées du grand public, les expositions minimalistes sont peu remarquées dans une programmation artistique parisienne plus que riche. Trop conceptuelles, austères, voire un brin prétentieuses, rien à faire : elles peinent à séduire. Un constat qui n’a certainement pas échappé aux équipes de la galerie, qui font le pari de mettre les petits plats dans les grands en proposant un casting et une sélection quatre étoiles, 100% minimalistes. Si le discours de ce mouvement né dans les années 60 à New-York est de préférer le concept au rendu, il est quand même difficile de ne pas s’attarder devant les œuvres qui composent cette exposition, toutes plus impressionnantes les unes que les autres.
Le truc cool avec les galeries, c’est que l’on ne se sent jamais forcé de suivre un parcours défini, et qu’il est possible de se laisser simplement aller aux tableaux qui nous attirent. Mais si l’enfer est pavé de bonnes intentions, l’expo est quant à elle carrelée d’un Carl Andre qui nous guide – aussi instinctivement que dangereusement – vers la fameuse lumière au bout du tunnel. Celle-ci prend la forme d’un Dan Flavin vert fluo hypnotisant, pièce maîtresse de l’ensemble, qui fera le bonheur de vos yeux (et de vos abonnés Insta au passage). Nos pieds se dirigent ensuite, au choix, vers les travaux colorés de Sol LeWitt et Robert Mangold ou vers les expérimentations de matières quasi- organiques de Robert Morris et Donald Judd. Si l’art minimaliste a cette réputation d’être hyper cérébral, on se laisse ici complètement porter par la prestance des œuvres présentées. Un peu
trop peut-être ?
Alors certes, l’expo nous en met plein les yeux dans une scénographie sans fioriture – et dans un lieu quand même assez canon –, mais elle manque cruellement d’une bonne médiation qui permettrait une bonne fois pour toute de torde le cou au snobisme qui a tendance à entourer l’art minimal. Car non, less is « not always » more. Mais elle a le mérite d'être gratis !