A la surmédiatisation de sa famille et au bling des soirées de la rue de Verneuil (on ne vous présente pas sa Jane Birkin de mère), Kate Barry préfère le calme du noir et blanc, la poésie des corps en mouvement captés sur le vif par son œil attentif. Bien sûr, les stars, elle les côtoie, comme en témoignent les portraits de Catherine Deneuve ou de Laetitia Casta magnifiquement mis en valeur sur la péniche du 13e arrondissement. Mais à travers son objectif, rien ne les différencie des autres muses que Kate autorise à accéder à “son propre espace”. Un espace chaleureux, douillet, dans lequel sa sœur Charlotte fume au lit, cheveux en bataille. Un espace où elle se planque, sereinement, quand les flashs crépitent autour de chez son beau-père.
Dehors, c’est en Bretagne qu’elle trouve l’inspiration. Connue pour ses portraits, Kate Barry capture aussi magnifiquement les paysages calmes et déserts du littoral, où elle célèbre la nature avec la même douceur que les visages de ses proches. Peut-être est-ce pour cela que Kate Barry s’intéresse à la photo. Pour se réapproprier son histoire, faire des ponts entre un entourage peu commun et un désir d’ancrage plus réel. Mêlant verve et pudeur, chacun des 80 clichés exposés au Quai de la Photo traduit ce besoin de simplicité. Peu importe le sujet, Kate dit les choses sans détour et célèbre la beauté partout, mettant sur le même plan Samir et Hubert, poissonniers au marché de Rungis, et Vanessa Paradis.
Si la première expo du centre d’art flottant consacrée à Martin Parr nous avait peu convaincus, notamment à cause de son accrochage façon médiathèque, cette nouvelle tentative redore le blason du Quai de la Photo avec un parcours thématique sans prétention, une superbe gestion de l’éclairage et une place laissée au silence et à la méditation. Et c’est avec un sourire béat que l’on rejoint la marina, heureux d’avoir pu pénétrer dans l’espace si chaleureux de Kate Barry.