Le nom de Nadia Léger ne vous dit sans doute rien. Figure méconnue de l’art du XXe siècle, cette esthète a été éclipsée de l’histoire de l’art par son mari, un certain Fernand Léger… Heureusement, le musée Maillol est là pour réhabiliter l’artiste et intellectuelle prolifique qu’elle était. Peintre élève de Malevitch, éditrice de revue, commissaire d’expo et militante communiste, cette Parisienne d’adoption a fait cohabiter ses racines biélorusses et les influences de l’avant-garde française dans son travail et dans sa pensée. Une double identité que cette grande monographie met en scène – parfois maladroitement – à travers près de 150 pièces, soulevant la grande question de genre : comment exister en tant que femme dans un monde d’hommes, et dans l’ombre de son mari star de l’art moderne ?
Bon, on ne va pas se mentir : sa peinture ne vaut pas celle de ses contemporain(e)s. Un manque de créativité peut-être lié à sa ferveur pour le parti communiste. Des peintures moyennes présentées – en très mauvais état pour certaines – dans un parcours pourtant passionnant. À travers la figure de Nadia Khodossievitch-Léger, c’est surtout l’effervescence d’une époque que l’on découvre, l’entraide presque secrète entre femmes artistes (elle a notamment travaillé avec la Brésilienne Tarsila do Amaral), et l’exploration des nouveaux styles picturaux, du cubisme à l’abstraction cosmique voire au pop art dont elle pose les bases.
Et sur un malentendu, on pourrait presque la relier au street art : en voyant ses portraits propagande des leaders soviétiques, on pense immanquablement aux affiches “Hope” avec Barack Obama de Shepard Fairey/Obey. Une expo à l’image de Nadia Léger : surprenante, complexe et clivante.