Quand le plus beau musée du monde fusionne avec le merveilleux établissement de Capodimonte de Naples, ça donne ça : une sorte de monstre à deux têtes qui aurait créé la collection idéale. Car si le Louvre n’a pas à rougir de son ensemble de peintures italiennes, il passe un cap avec cet ajout d’une soixantaine des plus beaux chefs-d'œuvre de l’ancienne collection Farnèse, actuellement en travaux. Un prêt longue durée historique qui squatte le salon Carré, la Grande Galerie et les salles de la Chapelle et de l’Horloge, à découvrir jusqu’au 8 janvier 2024.
Toiles du Parmigianino, cartons autographes de Raphaël et Michel-Ange, Crucifixion de Masaccio (considérée comme l’une des œuvres pionnières de la Renaissance)… Ces œuvres viennent rencontrer celles de Titien ou Caravage pour un face-à-face italo-italien d’anthologie, fait avec tant de subtilité qu’on peine à distinguer les œuvres invitées de celles – pourtant emblématiques – du Louvre. Les travaux d’Artemisia Gentileschi se retrouvent ainsi accrochés en face de ceux de son père, Orazio, pour une réunion de famille des plus cool.
Des rapprochements logiques qui côtoient des prises de risques payantes. Ainsi, La Flagellation du Caravage n’est pas exposée avec sa Diseuse de bonne aventure ou sa Mort de la Vierge (présentées à l’année au Louvre), mais avec les grands corps nus du Christ peints par Bronzino et Salviati. Et ça fonctionne, tant les similarités esthétiques sont évidentes ! Non seulement on en prend plein les mirettes grâce à ce jeu de piste truffé de chefs-d’œuvre, mais on perçoit aussi le plaisir des conservateurs, pour qui l’élaboration d’une telle collab doit représenter un rêve éveillé. Il suffit de jeter un œil aux excellents commentaires pédagogiques placardés aux murs pour sentir la passion et le caractère inédit d’une telle expo. Et nous faire rêver, à notre tour.