Critique

Nicolas Darrot : règne analogue

4 sur 5 étoiles
Pénétrez dans un univers angoissant mais poétique, hydre à mille têtes se déclinant d’automates en créatures hybrides.
  • Art, Technique mixte
  • Recommandé
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Time Out dit

Bricoleur inspiré, sorcier déluré ou gamin tentant des expériences à la Frankenstein ? Disons que Nicolas Darrot est un condensé des trois. Il faut dire que l’artiste français n’aime rien tant que réunir minéral et mécanique, amalgamer nature et technologies humaines. Et ce pour embarquer le curieux dans un rêve éveillé flirtant joyeusement avec le cauchemar merveilleux, relecture audacieuse de H. P. Lovecraft ou Philip K. Dick. 

Fabuleux fabuliste

Etabli à la frontière d’un réel parallèle, où les coquilles d’escargot sont motorisées et les insectes armés comme des avions de chasse, le « règne analogue » de Nicolas Darrot répond à une logique qui lui est propre. Sans forcément être très éloignée de la nôtre. Car, avec ses animaux-machines, l’alchimiste de la matière parle de notre société comme les fabulistes Esope ou La Fontaine ont pu le faire en leur temps. 

Ainsi, la biche vulnérable est étendue sur le flanc et de sa dépouille translucide s’échappent des volutes de buée. Un casque d’aéronautique a pris la tête d’une escadrille de bestioles aux allures de drones et articule ses mandibules dans un bruit d’éructation – son cri de ralliement ? Les sectes ont, elles, l’aspect de racines tentaculaires emprisonnant des êtres sans nom ni visage. Et une tête de loup, décapitée façon 'Game of Thrones', gît dans une barque poussée par un spectre encapuchonné, preuve que la raison du plus fort n’a aucun poids face à la mort. Autant de morales que Nicolas Darrot, rêveur lucide, personnifie pour qui veut bien les imaginer.

La magie du « presque rien »

D’œuvres oniriques et ténébreuses en apparitions évanescentes, de marionnettes à servomoteur en mobiles de pelles de chantier, l’artiste parvient à nous envelopper de son environnement singulier où batifolent des chimères naturalisées. Et dans son cabinet de curiosités, délirium pas si incongru, glisse même un petit clin d’œil à la Maison Rouge – dont il avait déjà investi le patio en 2006 avec son installation monumentale ‘Passage au noir’ – sous la forme d’une petite sculpture en fil de Nichrome. Un grigri délicat démontrant qu’avec un peu d’habileté et beaucoup imagination, un rien peut devenir magie.

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Infos

Site Web de l'événement
www.lamaisonrouge.org
Adresse
Prix
10 €
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