Vous pensiez tout connaître du peintre franco-russe Nicolas de Staël, qui a illuminé la première moitié du XXe siècle ? On entend déjà les commissaires de sa rétrospective au musée d’Art moderne se marrer. Il faut dire que parmi cet impressionnant corpus de plus de 200 œuvres, près d’un tiers n’avait encore jamais été montrées au public français. Pour rassembler ces pièces cachées, la conservatrice Charlotte Barat-Mabille et l’historien de l’art Pierre Wat ont joué les détectives afin de retrouver les propriétaires discrets d’un grand nombre de chefs-d’œuvre, planqués en Uruguay ou en Suisse.
Le mystère. Voilà qui résume assez bien l’aura de Nicolas de Staël, dont on découvre l'œuvre et la vie au fil d’un parcours chronologique à l’accrochage impeccable. De sa fuite de Russie après la révolution de 1917 à son suicide tragique à seulement 41 ans, la vie de ce peintre n’a cessé de nourrir son mythe. Celui d’un artiste torturé et incroyablement talentueux. Mais on ne peut pas se contenter de la légende. Extrêmement bien documentée, l’exposition nous permet de sortir de cette boîte à fantasmes pour faire la vraie rencontre de ce passionné passé du dessin à la peinture, du figuratif à l’abstrait, avec toujours la même virtuosité.
Fasciné par la lumière, Nicolas de Staël la peint inlassablement, qu’elle se reflète sur un bol de fruits, sur un paysage d’Antibes ou sur le Parc des Princes. Touche visible et camaïeux savamment travaillés se savourent lentement dans les 11 salles qui composent l’exposition, où le temps semble avoir été mis sur pause. Si les peintures sont évidemment les stars de l’expo, le musée d’Art moderne n’en oublie jamais le contexte et présente notamment des extraits du documentaire de François Lévy-Kuentz, Nicolas de Staël, la peinture à vif, où l’on découvre un petit garçon issu de l’aristocratie russe devenir peintre. Et s’éteindre, 1 100 tableaux plus tard.