Olafur Eliasson Versailles

Le Roi Soleil a rendez-vous avec les histoires d’eau d’Olafur Eliasson. Et ça nous laisse un peu de glace.
  • Art, Art contemporain
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Time Out dit

Moins fantaisiste que Jeff Koons mais moins subversif qu'Anish Kapoor, plus sobre que Joana Vasconcelos mais aussi plus ennuyeux que Takashi Murakami. Voilà ce que l'on peut dire en quelques mots des œuvres d'Olafur Eliasson qui ont pris possession, et ce jusqu'au 30 octobre, du château de Versailles et de ses jardins. Après avoir rencontré un succès mitigé avec son controversé 'Ice Watch' en 2015, l'artiste danois – également auteur de la réinterprétation du soleil couchant, ‘Weather Project’, à la Tate Modern de Londres en 2003, – a succédé à ses confrères susnommés pour conjuguer merveilles pérennes de l'artisanat d'autrefois et folie passagère de l'art contemporain.

Après les fleurs kawaii du Japonais, la culture pop détournée par l'Américain et le sujet gynécologique ultra décrié de l'Indien, l'artiste invité cette année n'est pas parvenu à choisir entre deux thèmes : la problématique environnementale de l'eau ou l'incommensurable narcissisme de nos sociétés ? Ne voulant pas se départir de son étiquette d'homme engagé pour la planète tout en dénonçant nos travers de porcs autocentrés, dignes des courtisans de Louis XIV, Olafur Eliasson a donc opté pour les deux. Cinq œuvres nous appelant à « réfléchir sur nous-mêmes en nous regardant » droit dans le miroir sont donc disséminées dans les différents salons du château. Tandis que trois autres créations déclinant l’élément aqueux sous tous ses états – liquide avec la cascade ‘Waterfall’, gazeux avec le nuage de brume du Bosquet de l'Etoile et solide sous forme de moraine laissée par des blocs de glace importés du Groenland une fois ceux-ci fondus – tentent de faire siens les courtils de Le Nôtre. Le seul lien entre ces deux variantes du travail d'Olafur Eliasson : la discrétion. Car, pour les admirer, les curieux et les touristes auront intérêt à ouvrir l'œil et le bon.  

Que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de ce temple de la monarchie absolue, les installations de l'artiste se fondent en effet dans le paysage – hormis la grue/cascade qui se voit de loin, bien qu'elle peine à se détacher sur le ciel lorsqu'il est nuageux. A tel point qu'on peut, si l'on n’y prend pas garde, passer devant sans les voir. Alors, Olafur Eliasson a-t-il eu peur de s'entendre dire que son travail dénaturait le majestueux monument versaillais, critique maintes fois assénée à ses prédécesseurs ? A l'écouter, pas du tout : ses œuvres in situ s'inscriraient tout simplement dans « un dialogue artistique avec l'espace du château de Versailles ». Mouais… Nous on a plutôt l’impression d’assister à une conversation plate où personne n'élève la voix, mais où l'on sent bien poindre un soupçon de langue de bois.

Quoi qu'il en soit, la chasse aux œuvres est lancée. Malheureusement, on en ressort déçu, se demandant si le jeu de piste en valait vraiment la chandelle. Que ce soit avec l’oculus flamboyant au cœur d’un salon vide de ’Solar Compression’, le jeu d’éclipse et de miroirs de ‘Deep Mirror’, le kaléidoscope de cerceaux lumineux au bout de la Galerie des Glaces ou le mystérieux rideau de « mist » (« brouillard ») du Bosquet de l'Etoile, Olafur Eliasson cherche à donner tellement d’explications (vaseuses) pour légitimer son travail et prouver qu’il était le bon choix artistique de cette année qu’il s’éparpille. Dans le faste des lieux, une simplicité bien orchestrée aurait pourtant suffi à nous éblouir. Mais l’artiste, qui pense être parvenu « à dompter les proportions gigantesques » du château de Versailles, n’a réussi qu’à noyer ses œuvres dans un océan de dorures magnifiques. Qui n’avaient pas besoin de ce supplément d’esthétisme pour attirer les foules.

Infos

Site Web de l'événement
www.chateauversailles.fr
Adresse
Prix
15 € (l'entrée du Château), jardins gratuits.
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