Le Magicien d'Oz (1939) est un film ultra-culte dans la communauté gay, où se désigner comme un “ami de Dorothy” signifiait faire son coming out. Pas étonnant donc que le Centre Pompidou ait choisi de faire un clin d'œil à la fameuse chanson arc-en-ciel pour son expo axée sur les représentations des sexualités dites « minoritaires » et la place des artistes dans les luttes pour les droits des personnes LGBTQIA+.
A travers un immense corpus de plus de 500 œuvres et documents répartis dans un parcours thématique et chronologique, le musée propose une relecture queer de l’histoire de l’art, habituellement si policée. Si ce parti pris ne peut qu’être salué, on regrette la faiblarde mise en valeur de l’expo, à l’étroit dans la petite galerie n°4. Un espace étriqué qui a dû limiter les choix scénographiques des commissaires qui frôlent l’ennui, contrastant fortement avec les prises de position et les choix artistiques des plasticiens exposés. Parler d’homosexualité en cachant l’expo dans le placard, c’est un peu ambigu.
Cela ne nous a heureusement pas empêchés de découvrir ou redécouvrir certains chefs-d’œuvre comme le portrait de Lili Elbe (l’une des premières femmes transgenres opérées) par Gerda Wegener (1922) ; le Livre blanc et les croquis super hot de Jean Cocteau ; les clichés des bals drag de Diane Arbus, ou les œuvres ambiance cuir-moustache de Jean Boullet. Une diversité humaine et artistique qui a fleuri à côté de ce qu’on nous sert dans les bouquins d’histoire de l’art.