En revenant sur la première exposition impressionniste donnée le 15 avril 1874 dans le superbe atelier du photographe Nadar, le musée d’Orsay frappe fort avec un sujet inédit – difficile de croire que, parmi la tonne d’expos consacrées au mouvement, jamais un musée n’avait traité de sa genèse…
Nous sommes dans les années 1870, et Monet, Cézanne, Renoir et consorts en ont franchement marre de se faire recaler du Salon de peinture. Eux veulent peindre dehors, proposer un truc nouveau, et les académiciens, pas vraiment flexibles, ne sont pas fans du projet. Qu’à cela ne tienne : ils monteront leur propre événement ! Malheureusement, les critiques comme le public boudent leurs œuvres, qualifiées de “badigeonnages” et de “toiles sales”. Résultat ? Seuls 3 500 visiteurs en un mois et très peu de toiles vendues. Un flop. Peut-être est-ce pour cela que personne n’avait consacré d’exposition aux débuts du mouvement ?
Pour contextualiser et mettre en lumière le caractère novateur des œuvres exposées chez Nadar, le musée d’Orsay mise sur la confrontation entre les tableaux du salon et les toiles de Monet et Cézanne. Un parti pris intéressant à la réalisation un poil casse-gueule, qui manque de pédagogie, avec un accrochage à la fois sage et perturbant (décidément, la circulation, c’est pas le fort d’Orsay). Les amoureux de peinture seront pour autant comblés visuellement, les commissaires s’étant appuyés sur la collection XXL du musée et sur des prêts d’exception (Marmottan a même prêté son bijou Impression, soleil levant de Monet pour l’occasion).