Quand on débarque dans la très gothique salle des Gens d’armes, où se déroule l’exposition, on est accueilli par un fragment d’un banquet du roi de France Charles V, qui s’est tenu ici même en 1378. Ce qui nous interpelle, c’est ce drôle de menu prêté par le Louvre, où l’on peut lire“lapins farcis et dorés”, “anguilles sucrées à la boue” et “figues farcies couvertes de feuilles d’or”. On est loin de la cuisse de gibier des dessins animés, comme en témoigne l’expérience immersive qui nous plonge dans les cuisines de la Conciergerie.
C’est tout le propos de cette expo : déconstruire nos idées reçues sur le rapport de Paris avec la bouffe, tout en nous montrant, dans un parcours en cinq parties très (trop ?) documenté, comment l’histoire de notre chère capitale s’est construite en lien avec la nourriture, entre le “ventre de Paris”, déplacé des Halles à Rungis, la Tour d’Argent ou le Ritz fréquentés par les grandes fortunes, ou les bistrots de Saint-Germain-des-Prés où les intellectuels ont leur rond de serviette.
Pour nous instruire, la Conciergerie mise sur un corpus d’exception de 300 pièces aussi copieux qu’un dîner aux Arlots, rendu possible grâce à un nombre costaud de prêts. Œuvres d’art, manuscrits, arts de la table, dispositifs audiovisuels… Tous témoignent de l’histoire culinaire pantagruélique de la capitale !
Un ensemble magnifié par la diversité des supports et des époques. Se côtoient ainsi les Grandes Chroniques de France (1279), une carte postale témoignant de l’effervescence des Halles (1810) ou une photo de Salvador Dalí et du boulanger Lionel Poilâne (1971), à qui le surréaliste a commandé des meubles en… pain. Malheureusement, si la thématique était pleine de promesses, le résultat est assez scolaire et manque un poil de problématisation, malgré la tonne de cartels à lire.