S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas retirer au musée Carnavalet, c’est son ambition. Spécialiste de l’histoire de notre belle capitale, c’est cette fois-ci au féminin qu’il décline le passé avec un femmage d’exception. La tâche n’était pas simple : rendre compte des luttes féministes qui ont secoué Paname depuis la Révolution ! Et si vous pensez que cela ne se résume “qu’au” droit de vote et au droit à l’avortement, vous êtes carrément à côté de la plaque.
Le spot du Marais réussit à caler plus de deux siècles d’engagement dans son petit espace sans que l’on se sente jamais à l’étroit, ni débordé. Pourtant, si l’on prenait le temps de lire chaque cartel et de s’attarder devant chaque œuvre, d’après les commissaires, cela nous prendrait près d’une demi-journée. On vous voit déjà vous arracher les cheveux mais on vous rassure : tout ce qu’on lit, c’est par envie.
L’exposition est ultra accessible et notre déambulation est rythmée par de petits textes illustrés tout mignons tout rigolos signés Lisa Mandel. Partant de la déclaration des Droits de l’Homme pour se clôturer sur la loi sur la parité votée en 2000, le parcours chronologique multiplie les formats, entre photos de manif de suffragettes, manuscrit original du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, œuvres d’art de meuf badass – de Claude Cahun à Orlan en passant par Niki de Saint Phalle –, affiches engagées et films témoignages. On gobe un max de savoir et on a hâte d’y retourner avec notre petite-nièce de 10 ans. Pour lui donner, à elle aussi, l’envie d’en finir avec ce foutu patriarcat.