En ce moment, dès qu’on allume notre téléphone, on est assailli par des nouvelles pas super réjouissantes. Guerres, GIEC, débâcle politique… Heureusement, le monde de l’art nous réserve de bonnes nouvelles ! Deux notamment dans le Marais : la réouverture de la Galleria Continua et l’expo inaugurale de Pascale Marthine Tayou, sobrement intitulée Bonnes Nouvelles. Sur les trois niveaux des espaces fraîchement restaurés de la célèbre galerie, l’artiste originaire du Cameroun balance du love, de la couleur et nous plonge dans un monde jovial, presque régressif, qui apparaît comme une vraie bouffée d’air frais. Mais attention, il y a un piège !
Bon, c’est vrai que depuis la rue du Temple, les trois enseignes “Galleria Continua” nous perdent un peu. On galère à circuler entre la librairie, le glacier (qui appartient également à la galerie) et les autres espaces, qui présentent une expo collective d’artistes brésiliens et un solo show de Paloma Vauthier. Mais une fois ces petits soucis de clarté dépassés, c’est avec un immense plaisir que l’on pénètre dans le monde coloré de Pascale Marthine Tayou.
Comme à son habitude, le plasticien nous propose un ensemble brutaliste, qui semble n’être qu’amour alors qu'il cache en réalité un sens bien plus lourd. On est par exemple séduit par l’usage de néons chatoyants avant de réaliser qu’ils permettent d’écrire des mots qui renvoient à une histoire bien sombre ; on s’émerveille devant des installations en bois gravées avant de s'apercevoir qu’ils révèlent les coordonnées GPS des endroits les plus pollués de la planète. C’est là le génie de l'artiste : il nous fait sourire devant des trucs sombres pour nous amener subtilement à une prise de conscience. N’est-ce pas finalement l’un des rôles de l’art ?
Grâce à un usage imaginatif de matériaux pas franchement sexy comme des serviettes de toilettes, des pailles ou des craies, l’artiste crée des œuvres protéiformes qui raviront tant les fans de sculpture que les amateurs de photo, de vidéo ou de peinture. Les installations aux formats multiples pullulent dans la galerie, si bien qu’on ne sait plus où donner de la tête. Et comme par magie, se perdre devient un plaisir.