Il est rare qu’une exposition colle autant au lieu qui l’abrite. En voulant révéler un portrait de la France des trente dernières années à travers plus de 1 000 œuvres, l’exposition Paysages français, une aventure photographique (1984-2017) ne pouvait se tenir ailleurs qu’à la BNF, un lieu lui aussi démesuré et dédié à la conservation des mémoires.
Chacune des œuvres exposées avait en effet été commandée à l’origine par des institutions publiques ou des territoires, afin de sauvegarder ou de mettre en valeur leurs paysages. Mises bout à bout, elles dessinent le portrait contemporain d’une France plurielle, prise dans un décor en mouvement constant.
Cet aspect « institutionnel » ne doit pas rebuter. On est en effet très loin du formatage de la photographie marketing. La centaine de photographes internationaux présentés ont tous une vocation artistique assumée, à l’image des plus connus, comme Raymond Depardon ou Josef Koudelka. On est au contraire surpris par leur grande inventivité, avec des photos aussi bien prises à la chambre qu’au téléphone portable, et des tirages de toutes tailles, qu’ils soient exhibés sur papier, projetés, voire utilisés dans des installations.
On assiste ainsi à une véritable leçon sur l’évolution de la photographie depuis trois décennies. Mais aussi sur la façon de remplir cette périlleuse mission, qui consiste à magnifier les paysages ressassés de nos quotidiens, qu’il s’agisse d’un salon de HLM ou de pavillon, des abords d’une autoroute ou d’une zone commerciale tapageuse et grisonnante.