Pour qui ? Les nostalgiques en quête d’esthétique
Voir quoi ? Un New York à vif
Moins célèbre que Robert Mapplethorpe, Peter Hujar capture lui aussi un underground new-yorkais en noir en blanc. Mais alors que l’ex de Patti Smith misait sur une esthétique très porno chic, c’est une vérité sans fard que Hujar photographie. Si ses contemporains sublimaient la teuf, l’artiste timide célébré au Jeu de Paume s’attarde sur un after un peu fatigué, quand les noctambules se démaquillent et que les lumières se rallument. Moins séduisant, certes, mais tellement saisissant.
C’est cette manière si particulière de capturer la complexité de la Grosse Pomme que l’on retrouve dans la rétrospective du Jeu de Paume. Des corps divers et sans filtres, le cours de l’Hudson et les gratte-ciel qui semblent disparaître dans les nuages. « New York, concrete jungle where dreams are made of », criera Alicia Keys quelques années plus tard. Dès 1973, Peter Hujar y était déjà.
Le parcours chronologique met en relief la maîtrise du portrait de l’Américain et sublime son don pour décortiquer une société en marge, celle qui s’exprime dans la rue et dans les clubs. Ancien photographe de mode, Hujar est à l’origine de l’affiche du Gay Liberation Front éditée à l’occasion de la première Gay Pride en 1970, a capturé les prémices du mouvement punk dans la ville et tiré le portrait de l’icône transgenre Candy Darling dans une position lascive. Des photos carrées en noir et blanc disposées sobrement dans une scéno déclinant 50 nuances de gris, intuitive et immersive : une claque qui donne à voir un New York des 70’s brutal et finalement peu exposé.