1. Viviane Sassen
    Eudocimus Ruber, de la série « Of Mud and Lotus », 2017 © Viviane Sassen et Stevenson (Johannesburg / Cape Town / Amsterdam)
  2. Viviane Sassen
    Luxaflex, de la série « Of Mud and Lotus », 2017 © Viviane Sassen et Stevenson (Johannesburg / Cape Town / Amsterdam)

Critique

Phosphor : Art & Fashion 1990-2023

4 sur 5 étoiles
La Mep continue de mettre les femmes à l’honneur avec la Néerlandaise Viviane Sassen
  • Art
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Zoé Terouinard
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Time Out dit

Alors que Rothko colore la Fondation Louis Vuitton de rouge et d’orange, dans le Marais, c’est la photographe Viviane Sassen qui diffuse ses tonalités pop dans les salles d’exposition plutôt guindées de la MEP. Pour cette première rétrospective d’envergure de la photographe néerlandaise de 51 ans, la Maison européenne de la photographie déploie un gros corpus de 200 tirages, comprenant quelques-unes de ses séries emblématiques, des archives inédites et, évidemment, ses photographies de mode. 

Traumatisée par un bref passage par la case mannequin, la Néerlandaise se planque vite derrière un appareil et s’essaie aux autoportraits (présentés ici pour la première fois au public), reprenant au passage le contrôle sur son corps. Éminemment curieuse, elle repousse les limites de son médium en y intégrant de la peinture et des collages, arrivant à une forme d’art inédite, visible sur tout le dernier étage.

Au tumulte de la vie, la photographe objecte la couleur et le rêve, à la manière d’une surréaliste d’aujourd’hui, transformant les poses de ses modèles en des formes abstraites. Tonalités vibrantes, contrastes graphiques et constante mise en valeur des corps rythment la déambulation illustrant 30 ans de création éclectique. Profondément marquée par son enfance au Kenya, elle met en scène le corps noir qu’elle fantasme, voire réifie, soulevant la question de la projection d’un souvenir nourri de stéréotypes

De la recherche perpétuelle du renouvellement des formes photographiques à l’importance de la sphère intime dans son œuvre, le parcours thématique offre de la profondeur à ces images si esthétiques qu’on pourrait croire creuses. Grâce à une médiation impeccable – comme à son habitude –, la MEP nous embarque dans l’univers complexe de celle qui a élevé la photo de mode au rang d’art.

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