Critique

Pierre Ardouvin : tout est affaire de décor

4 sur 5 étoiles
Une promenade angoissante et philosophique qui place le visiteur à la frontière du présent et du passé.
  • Art, Art contemporain
  • Recommandé
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Time Out dit

Le ressenti d’un instant, d’un moment ou d’un événement dépend de l’atmosphère et du paysage dans lesquels il s’inscrit. Telle est la philosophie de la nouvelle exposition du MAC VAL, ‘Tout est affaire de décor’. Suivant ce précepte un brin freudien, notre immersion dans l’univers fictionnel de Pierre Ardouvin va donc nous hanter longtemps. Très longtemps…

Dès l’entrée, l’artiste à l’humour décalé sait nous mettre à l’aise. Il nous invite à prendre place dans un carrousel de canapés aux tapisseries surannées et à admirer un magnifique coucher de soleil en néon. Bercé par quelques notes de musique classique et la danse hypnotique de fanions colorés, on se sent couler plusieurs années en arrière. Lorsqu’on rendait visite à grand-mère dans son royaume du kitsch, partagé entre fascination et envie de fuir. D’ailleurs, ce même désir ambigu nous assaille : ça y est, nous sommes prêt à opérer un voyage mental dans un songe de réminiscences. Avec Pierre Ardouvin comme guide. 

Fébrile, tel un enfant trop curieux et qui le sait, on pénètre ensuite  dans une salle immense, obscure. Un monde imaginaire où se mêlent objets universels de l’enfance et fantasmes cauchemardesques. Par un jeu d’ironie glauque, l’artiste et créateur de scénographies étranges détourne en effet les attributs de l’innocence pour en faire des œuvres à la charge émotionnelle puissante. Limite monstrueuses. La bonbonnière a ainsi une tête d’Elephant Man, le sapin de Noël est dépouillé de tout attrait, ses boules argentées suspendues (on ne sait trop pourquoi) au parasol voisin, et la balançoire – géante de fer face à laquelle on se sent tout petit – traîne une dent de lait comme si c’était un boulet. Une façon pour Pierre Ardouvin de nous rappeler les quenottes qu’on s’est tous, un jour, cassées en voulant jouer les aventuriers.

Car telle est la finalité des installations de l’artiste : nous faire revivre les événements de jeunesse propres à sa génération. Le planeur crashé au milieu de la pièce, comme celui qui s’écrasa à Vassieux-en Vercors en 1944, en témoigne. De même que certaines œuvres immersives, à l’image de ces gradins de théâtre. De là, le visiteur peut admirer ses congénères déambuler dans les méandres de la mémoire ici matérialisée.
Toutefois, face à une aquarelle de corneilles décapitées, on se demande quand même si les jeunes années de Pierre Ardouvin n’étaient pas un peu trop mouvementées… 

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Infos

Site Web de l'événement
www.macval.fr
Adresse
Prix
5 €
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