Critique

Pochettes en stock

3 sur 5 étoiles
Allier vinyles emblématiques et street artistes renommés : la pochette du succès ?
  • Art, Street art
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Time Out dit

Vous nous connaissez depuis le temps, vous savez que nous sommes gourmand et que l'on adore les associations de bonnes idées : toit ouvrant ET climatisation, fromage ET dessert, coït ET préliminaires... Quand on nous demande « Et avec ceci ? », on répond invariablement : « Toujours plus ! » Du coup, pas étonnant que lorsqu'on a appris qu'une exposition mêlant musique et art urbain se tenait sur la rive gauche, on ait eu l'impression que Noël était déjà arrivé.

Plein les yeux, plein les oreilles 

Quand les Rolling Stones rencontrent Andy Warhol, quand Banksy croise Blur et que Obey embellit les opus des Black Eyed Peas, d'Anthrax ou les versions remasterisées de Led Zep et The Doors, cela donne forcément des chefs-d'œuvre. Des petits bijoux dont les originaux s'exposent en ce moment sur les murs en pierres claires de la galerie Loft du 34. Sous des cadres de plexiglas taillés sur mesure, formant une mosaïque aux mille couleurs, ils font rêver les collectionneurs mélomanes pour 250 € la pièce. Mais ils s'offrent aussi aux regards des curieux aimant l'alliance du beau style et du bon son pour rien du tout (un sourire et un « Bonjour » à la rigueur).

Avec en fond musical les albums ici présentés, on retrouve des vétérans inoubliables comme Sticky Fingers et sa fameuse braguette 3D ou la célébrissime banane du Velvet Underground par Warhol. Ses collages pour The Other et ses esquisses à la Cocteau, silhouettes épurées presque abstraites, pour des joueurs de jazz comme Johnny Griffin ou Count Basie font également partie du lot. A côté de ce génie expérimentateur, Keith Haring paraît bien commercial et Basquiat se révèle hautement figuratif.

Street art, sing art ?

Classé par artistes comme chez un disquaire, ce patchwork de pochettes nous dévoile une multitude de genres musicaux dialoguant avec la diversité plastique du street art sans que l'une ou l'autre de ces deux disciplines créatives ne semble prendre le pas sur sa consœur. Parfois, elles s’accordent même avec une cohérence désarmante, comme lorsque Banksy conjugue sa propre révolte à celle du groupe punk hardcore The Off. Ou que Obey enlumine de son militant bichrome, connu à travers le monde pour avoir illustré le « Yes we can » de Barack Obama, l’album du tout aussi engagé Jello Biafra.

On apprécie également de faire la connaissance de « graffistes » moins connus tels Parra, Delta ou des géométries plus psychés de Maya Hayuk. De même, faire la (re)découverte de vinyles customisés par Paul Insect, Invader ou encore Futura 2000 nous comble la rétine. Mais on déplore de se sentir un peu perdu dans ce dédale foisonnant de galettes bigarrées, sans repères temporels ni autres informations que la bio du street artiste. Alors que les groupes et chanteurs auraient tout autant mérités une introduction. 

« Le médium est le message », disait Marshall McLuhan. En sortant du Loft, on ne saurait dire si celui-ci passe mieux par la chanson ou par la représentation à la bombe et au crayon. Une chose s’avère toutefois certaine : il devient percutant lorsque la musique et l’art (a fortiori le street art) entrent en collision.

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