Il suffit de se balader dans ses allées pour s’en rendre compte : au Louvre, la mode est partout. Des toges mythiques des sculptures de la galerie des plâtres aux étoles de velours des toiles caravagesques, la sape est loin d’être un personnage secondaire dans l’histoire de l’art. Pourtant, longtemps, le Louvre a boudé la discipline. Inattendue, sa première expo mode compte bien rattraper le coup en confrontant une centaine de tenues de 45 créateurs et créatrices (dont Coco Chanel, Jean-Paul Gaultier ou Marine Serre) aux collections historiques du musée, dans un parcours pharaonique de près de 9 000 mètres carrés.
Les silhouettes haute couture surprennent entre deux tapisseries
Pensée comme une déambulation libre, l’expo se vit comme on l’entend et les silhouettes haute couture nous surprennent entre deux tapisseries, à l’image de ce tailleur-jupe Bambi Jean-Charles de Castelbajac placé au cœur de la galerie des Chasses de Maximilien (1531-1533). Du côté de la salle 528 du musée, c’est la robe-armure de Demna pour Balenciaga qui nous a bluffés, offrant le pendant féminin de l’armure d’Henri II (1671) quand, un peu plus loin, salle 610, une commode en porcelaine bleu et blanc signée Mathieu Criaerd (1689-1776) confère un nouveau regard au très chic manteau du soir Chanel, époque Karl Lagarfeld, entièrement brodé par Lesage. Ces instants de grâce, l’expo les accumule – comme la foule qui se masse devant ces pièces de collection.
Problèmes de jauge
Ce parti pris plutôt intéressant – celui de la visite freestyle du musée avec l’espoir de tomber sur une jupe Rabih Kayrouz devant des mosaïques byzantines – met aussi en lumière les problèmes de jauge de certaines salles, inhérents au Louvre. Et fait passer l’institution à la pyramide pour une bleue face à son voisin, le très fashion MAD, qui gère ses parcours d’une main de maître (et gantée).