Pour qui ? Ceux qui veulent voir dialoguer deux génies et la Méditerranée, de l'antiquité à la Dolce Vita
Voir quoi ? Des centaures et des faunes et des corps voluptueux
C'est l'histoire d'un rendez-vous manqué. Celles de deux figures du siècle dernier, qui, malgré leur dialogue esthétique et leurs nombreux potes en communs, ne se sont jamais rencontrées. En tout cas en ce monde. Car on apprend rapidement que le titre de cette expo n'a rien de poétique : Fellini rêvait bel et bien du maître espagnol (rendant nos rêves dans les rayons du Monop' terriblement terre à terre).
De ces songes naîtront Le livre de mes rêves, épais grimoire dont les pages sont ornées des dessins enfantins du cinéaste. Dans au moins trois d'entre eux, on rencontre ce bon vieux Pablo croqué sous les traits d'un singe, distillant conseils et plaisanteries.
Il faut dire que Fellini était particulièrement émerveillé par Picasso, allant jusqu'à penser qu'il « habitait dans l'imaginaire onirique de tous les artistes ». Le reste de l'expo ? Il égrène les grands thèmes insufflés par le peintre au cinéaste : l'antiquité, les femmes, la sexualité, la corrida, le cirque... Le tout dans un espace un brin trop ramassé, qui présente une abondance de toiles, dessins, affiches, costumes, Unes de presse et photographies de tournage.
En zieutant vers la dernière salle, on découvre aussi comment ces deux pointures du XXe siècle se sont immiscées dans l'art de l'autre. Fellini, donc, par l'inspiration très picturale de ses décors et costumes. Mais aussi par son talent de dessinateur, proche du cubisme. Et Picasso, quand il réalisa à l'été 1950 un film, depuis perdu, dont il ne demeure (#tristesse) que de rares photos du tournage, prises dans le jardin du peintre, près d'Antibes.
Une conclusion qui nous rappelle qu'on attend l'été, qui arrive à grand pas. Et qu'il n'y a rien de mieux que ce chaud et onirique dialogue méditerranéen pour nous faire patienter.