Réclamer la terre. Est-ce un cri ? Une exigence ? Une invitation ? Le titre de la saison printanière 2022 du Palais de Tokyo est un peu tout cela à la fois. Alors que les avertissements du GIEC s’accumulent et que la liste des catastrophes naturelles liées à la crise climatique ne cesse de s’allonger, nombre d’entre nous s’interrogent sur le bon geste à adopter afin de lutter, à son échelle, en faveur de la préservation de notre environnement. Avec sa nouvelle programmation, l’institution parisienne met, elle aussi, la main à la pâte.
Le procédé ? Réunir à travers cette exposition inaugurale 14 artistes – dont deux collectifs – pour proposer autant de nouvelles manières d’habiter le monde, en meilleure harmonie avec la nature et le vivant. Des peintures dont les motifs s’inspirent autant de l’histoire de la Seine que des cours d’eau de la région du Queensland, en Australie, nous rappellent que l’ici et le là-bas sont entrelacés lorsqu’il s’agit d’avenir commun. Ailleurs, une installation conçue comme un temple de guérison nous enjoint de réviser notre rapport aux écosystèmes. Pas d’exploitation mais des réparations. Pas de violences mais du soin.
Hécatombe de plantes ravagées par les conflits d’Irak, cri d’oiseau menacé de disparition, vidéo d’une fusion fantasmée entre un corps humain et les flots de ruisseaux d’Amérique latine… Qu’elles fonctionnent à la manière de claque (« La mobilisation écolo, ça urge »), de mode d’emploi didactique (« Voilà comment l’artisanat fait disjoncter la logique du pillage des ressources ») ou d’horizon rêvé (« Et si on imaginait enfin l’heureuse noce entre la technologie et le biologique ? »), les propositions plastiques réparties à travers les huit nouvelles expositions du site visent juste. En évitant l’écueil du moralisme, elles nous convainquent du péril à venir en même temps qu’elles inspirent de nouvelles habitudes à contracter pour le combattre. Le Palais de Tokyo, green mobilisateur de consciences ? Et pourquoi pas !