Avant d’être une péniche et un bar des Buttes-Chaumont, Rosa Bonheur était une peintre adulée de tous dans la seconde partie du XIXe siècle. Référence absolue, féministe avant-gardiste et artiste acclamée par ses pairs, Rosalie, dite Rosa, est pourtant tombée dans l’oubli aussi vite qu’un hit de Willy Denzey. Heureusement, on peut compter sur le musée d’Orsay pour réhabiliter cette figure incontournable du réalisme. L’institution consacre, peu de temps après les Beaux-Arts de Bordeaux, une rétrospective à l’artiste, qui, à l’occasion de son bicentenaire, invite carrément lions et bœufs à se joindre à la fête. Fascinée par les bêtes à poils et à plumes depuis son plus jeune âge, c’est dans un style saisissant de vérité qu’elle se met à les représenter. Certaines fois mieux que d’autres.
Parce que, à force de vouloir réparer l’invisibilisation des artistes femmes (ce qui est une excellente chose, attention), on a parfois le sentiment d’une expo conçue à la va-vite, notamment au niveau du corpus. Si l’on est complètement fasciné par les grands formats, la technique implacable et les regards profonds du bestiaire de Rosa, il faut avouer que certaines toiles relèvent presque de la croûte de brocante – comme ce Toutou bien aimé de la peintre. Un sentiment probablement renforcé par les couleurs criardes de la scéno et le choix des cadres, très hétérogène et franchement pas toujours de très bon goût.
Heureusement, Orsay rattrape le coup dans sa médiation grâce au contenu super riche de ses cartels. On découvre au fil du parcours une femme arborant coupe courte, pantalon d’homme et clope au bec, dont l’engagement était aussi fort que son désir d’indépendance. Badass.