Pour qui ? Ceux qui n’ont pas peur d’avoir les yeux rouges à la fin de l’expo
Voir quoi ? Des photomontages iconiques, la ville du futur à la sauce 1920 ou encore des maquettes complètement maboules.
En ce printemps, et comme dirait Chris Marker, le fond de l’air sera rouge au Grand Palais avec la toute nouvelle exposition Rouge, Art et utopie au pays des soviets ! Monumentale avec plus de 400 œuvres, cette expo nous emmène sur deux étages et deux ambiances, des libres lendemains de la Révolution d’Octobre 1917 à la progressive mise en place du strict réalisme socialiste stalinien.
Le premier niveau ? Consacré aux premières années du régime, il nous met une énorme claque ! Des constructivistes des premières années au groupe Octobre (un cercle d'artistes soviétiques influent) en passant par la Société des artistes du chevalet (OST)… Tous tentent de définir les contours d’une société nouvelle. Preuve en est avec cette maquette du Monument à la Troisième-Internationale de Tatline (un bâtiment qui était censé faire… 400 mètres de haut en 1920). Mais aussi les photomontages à faire rougir un livre d’histoire de Gustav Klutsis, la délirante ville du futur de Kroutikov ou encore les premières productions de Deïneka. La scénographie, impressionnante, nous en met plein la figure, bien épaulée par des projos et une reproduction du Club ouvrier de Rodtchenko.
Pis il y a le second étage. Un chouïa moins bien, il nous emmène dans la période d’affirmation du réalisme socialiste, du pouvoir stalinien et la fin du pluralisme artistique. A cette époque, on met désormais en scène les procès des années 1930 et le goulag (avec des photographies du Canal de la mer blanche) alors que le quotidien des Soviétiques est dépeint comme idéal, tant dans le sujet traité (homme athlète) que dans la manière de le représenter (tout est très codifié). Sinon, on reste encore et toujours pantois devant les gigantesques projets architecturaux et le luxueux métro moscovites. Ultime conseil : prévoyez large niveau horaires, la contemplation est de mise.